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CAILHAVA BIBLIOPHILE LYONNAIS- (Esquisse) Mais il n'est pas de bonheur éternel ; la jeunesse ne dure qu'un jour, et la fortune, quand on ne compte pas, est bien vite dissipée. La vie de grand seigneur est coûteuse ; les entreprises théâtrales avaient mal réussi ; un moment vint où, en présence du livre de compte, il fallut s'arrêter. M. Cailhava se fit condamné à des réformes et, pour commencer, il se défit de ses livres bien-aimés. En 1845, il s'entendit avec Techener, le savant et surtout habile libraire, qui fit venir la bibliothèque à Paris, dressa un catalogue et, le 21 octobre, offrit la rarissime collection aux caprices du marteau des Commissaires priseurs. Chaque coup dut retentir dans le cœur de l'infortuné bibliophile. Ces livres, sa joie, si patiemment réunis, si habilement choisis, si heureusement groupés, dont l'en- semble faisait une des gloires et une des curiosités de la ville de Lyon, allaient être emportés aux quatre points de l'horizon. Les riches Anglais, les savants Allemands, les Parisiens si curieux de tout ce qui est beau, étaient groupés attentifs, dans la salle et misaient suivant leur caprice ou leur goût. Mais le moment était difficile ; il y avait des inquiétudes dans les esprits ; peut-être le moment où (l) .Voir la précédente livraison.