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LE DÉSENCHANTEMENT D'UN TOURISTE Lettre à M. le Directeur de la Revue du Lyonnais. Monsieur le Directeur, M. le baron Raverat, dans votretlernière livraison, a chanté sur sa lyre d'or et d'ivoire les merveilles du lac de Paladru et les beautés de la Silve-Bénite qu'il a été le premier à découvrir. Artiste et poète, il a décrit avec l'art et le talent qu'on lui reconnaît un pays qu'il aime; à cela pas de reproches. Mais il me donne un coup de pied, à propos du couvent dont l'aspect enchanteur ne m'a pas transporté et ici je me révolte. C'est moi, Monsieur, qui suis un de ces mal appris qui ne savent rien louer, un de ces frondeurs, esprits chagrins, qu'on ne sait comment prendre ; de ces grincheux qui lève- raient les épaules devant un Raphaël et disent : Ce n'est, que ça ! devant la chute du Rhin ou la flèche de Strasbourg. C'est moi qui suis cet être : « privé du sens moral et poé- tique, apanage de quelques âmes d'élite », (1) que flétrit M. le baron. Des personnalités ? je me lève et je riposte. Veuillez m'accorder une petite place pour ma réponse ; je veux éclairer vos lecteurs sur l'état de la question. La Silve-Bénite n'est point ce qu'un vain peuple pense ; Elle n'est point telle que l'a décrite votre complaisant collaborateur et voici ce que j'en disais, moi, cet été, dans (I) Voir la Revue du Lyonnais de janvier, page 73.