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314                      LE DAUriUKË

    Le charmant petit itinéraire de Lyon à Grenoble qui
 vient de paraître chezMéra, libraire, rue de Lyon, 15,
 est une véritable surprise. 11 égale en mérite et en
 intérêt, le Guide de Lyon à Montbrison que l'on trouve
 entre toutes les mains et q u i a eu un si légitime succès. Il
 nous paraît même d'une forme peut-être plus aisée et plus
 naturelle.
    Cela tient d'abord à ce que le Dauphiné, que M. Raverat
 veut nous faire connaître, excite une curiosité plus grande
 et que d'un autre côté, cette province, par ses richesses na-
 turelles, par ses glaciers étincelants et par ses pics perdus
 dans les nuages, ses cascades bondissantes, ses forêts
 mystérieuses où l'on entend parler les chênes, par ses
 ruines imposantes et par ses châteaux forts qui semblent
 commander encore à tout un pays, donne l'enthou-
 siasme du beau à l'écrivain qui le décrit, anime sa plume,
 et communique à son style les teintes magnifiques de ses
monts immaculés et les couleurs harmonieuses de ses
gorges ombragées.
    Mais, il faut bien le dire aussi, M. Raverat aime tendre-
ment le Dauphiné; il l'aime pour ne s'en lasser à aucun
âge, à aucune saison, — c'est son pays, c'est là qu'est né
René Raverat, ce vieux type de l'honnêteté et de la bra-
 voure française, ce simple officier que l'Empereur décora
de sa main sur le champ de bataille et créa baron de
l'Empire pour son dévouement à la patrie. Pourquoi s'éton-
ner alors qu'il ait trouvé une touche plus jfraîche, plus
sympathique, dans ce nouveau Vade-Mecum du Touriste !
— Cela est si naturel !
    Aussi avec quel soin consciencieux nous introduira-t-il
dans cette chère province ? Voyez comme il sait nous
rendre agréable cette g-rande plaine qui mène au cœur
du Dauphiné et qui est d'une monotonie si désespérante.
Quand on l'entend nous raconter l'histoire des châteaux de
Saint-Priest et de Myons, ona bien vite oublié cette longue
étendue,et l'esprit,porté comme sur deux ailes, voyage en
plein moyen âge.
    Mais le paysage va bientôt changer, le Dauphiné va
paraître. Le baron alors nous le décrit avec amour, semant
son récit, plus libre cette fois, de mille impressions qui
tiennent soit aux accidents agrestes du terrain, soit aux
mœurs qu'il observe et auxquelles il est des plus sensibles,
soit à la couleur des arbres, à l'aspect dos montagnes.