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                          SIMPLE HISTOIRE                          369

en s'adressant alors plus directement à son auditoire déjà
en place et attentif ; — ils font partie d'un ouvrage de
poésie que j'ai retrouvé ce matin dans ma bibliothèque. . .
Fernand, tu peux commencer.
  M. de B., debout près d'une lampe, s'inclina, et ayant
échangé un affectueux sourire avec sa cousine Camille,
qu'il devait prochainement épouser, il lut ce qui suit :

        LE JOUR DE L'AN DE L'ORPHELIN (I )

     C'était le premier soir d'une nouvelle année :
     La ville était joyeuse et comme illuminée ;
     Partout on échangeait des vœux et des présents ;
   _ De tendres souvenirs volaient vers les absents.
     La foule avait l'aspect d'une famille immense,
     Où l'amour eût jeté sa féconde semence.
     Le plaisir de donner partout était conçu :
     Le pauvre partageait ce qu'il avait reçu,
     Et l'opulence heureuse à force de largesses
     Comprenait à la fin le bonheur des richesses.
     Dans toutes les maisons, des enfants frais et beaux
     Montraient leurs fronts joyeux derrière les carreaux ;
     Debout, à leur côté, les mères radieuses
     Attendaient les baisers de leurs bouches rieuses,
     En cherchant dans leurs yeux si tous étaient contents :
     Rien n'était oublié pendant ces courts instants,
     La tombe même, hier encore abandonnée,
     Avait vu remplacer sa guirlande fanée,
     Et le pauvre proscrit oubliait son destin,
     Car il avait reçu des lettres le matin. . . .


  (I) Ces vers sont tirés des Chants pour tous, poésies par le marquis
de Foudras. Si nous les reproduisons ici, c'est que nous avons pensé que,
tout en étant agréables à nos lecteurs, ils aideraient à l'intérêt de notre
récit.
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