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JEAN MARIN 403 peines et de privations, arriver à être fabricant d'étoffes de soie, et à faire exécuter, pour son propre compte, des tissus où il démontrait l'heureuse application des systèmes qu'il avait préconisés, surtout celui d'augmenter le nombre des découpures du dessin, par une combinaison ingé- nieuse des arcades et des crochets. Mécanicien par instinct, son jugement était d'une promptitude et d'une rectitude remarquables. Il ne tâton- nait jamais ; ses pièces arrivaient toutes du premier jet. Sans avoir jamais étudié les sciences mathématiques, il construisit de mémoire, ou sur de simples dessins, diffi- ciles à comprendre, de petits métiers modèles qui firent l'admiration des personnes les plus compétentes et les plus considérables de l'époque. Parmi elles, il suffira de citer Ampère, le profond mathématicien, Eynard, le médecin- chimiste-mécanicien, Tabareau et Maisiat, les savants professeurs de l'école de la Martinière, Philippe Hedde, le créateur du Musée industriel de Saint-Etienne. Ces appa- reils miniatures répandirent de toutes parts, à Paris, à Lyon, à Saint-Etienne, les premières notions pratiques de l'art du tissage et vulgarisèrent les détails techniques de l'histoire si intéressante de la fabrication lyonnaise. En 1851, Marin fut délégué à l'Exposition universelle de Londres, par la chambre de commerce de Lyon, et eut l'honneur d'expliquer à la reine de la Grande-Breta- gne Victoria toutes les merveilles contenues sous la vitrine de notre fabrique de soieries. Un de nos écrivains les plus féconds a chanté, avec un légitime orgueil, cette solennelle visite et notre modeste, mais véritable illustra- tion locale, dans une œuvre à jamais célèbre, dont les annales des progrès de l'esprit humain, au sein des sciences exactes et de leurs applications, pourront rendre compte.