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                        DE LYON A NANTOA                      393

  santé excursion pour le touriste. Il y trouvera un pays ra-
  vissant de pittoresque, beaucoup d'ombre et de fraîcheur,
  et, ce qui ne gâte rien, bien au contraire, un accueil empressé
  de la part du prieur, le savant Père Ildéfonse, et du coadju-
  teur, l'aimable et bienveillant Père Ambroise.
     Du côté opposé, au sud, on aperçoit la vieille ruine du
 château de Buenc, qui couronne la montagne ; à ses pieds
 est l'entrée de la célèbre grotte décrite avec tant d'humour
 par notre bon collègue (?) Aimé Vingtrinier. Là aussi, le
 touriste peut entreprendre une intéressante excursion.
    A la gare de Simandre, le chemin de fer décrit une courbe
 à faible rayon, au-delà de laquelle le train se dirige tout
 droit sur la montagne de Racouze, aux flancs grisâtres, pelés,
 où l'on ne voit d'autre végétation que de maigres brous-
 sailles, de tristes halliers, un rare gazon.
    On croirait que le train va se briser contre la roche. Pas
 du tout ! il s'enfonce dans un tunnel dont on ne pouvait
 deviner l'entrée. C'est le tunnel de Racouze qui relie la
 vallée du Suran à la vallée de l'Ain. Comme celui de Cézériat,
 comme tous ceux que nous allons rencontrer, il affecte la
forme elliptique, c'est-à-dire la forme de l'œuf. C'est un
parti-pris sur toute la ligne.
    Après un trajet souterrain de 1685 mètres, on commence à
 revoir la lumière du jour qui frise les parois et s'accroche à
toutes les aspérités. On est enfin sorti de la nuit la plus noire.
Le spectacle que l'on découvre alors est vraiment éblouissant;
on est transporté dans la vallée de l'Ain, aux rives pitto-
resques, contournées plus ou moins brusquement et donnant
lieu à une grande variété d'effets et à des perspectives inat-
tendues, aux roches disposées en larges assises superposées
les unes aux autres, et dont les nuances d'ocre jaune et de
gris-bleu, se marient si harmonieusement à la verdure des
broussailles qui les couronnent, des mousses et des bouquets
de buis qui poussent dans leurs crevasses. Ajoutez à cela,
de légers filets d'eau qui tombent le long de leurs murailles
verticales, un moulin et une scierie animés par la rapidité de