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374                    SIMPLE HISTOIRE

  Madame deV... avait déjà tiré le cordon d'une son-
nette qui se trouvait à sa portée.
                                II
   A l'appel de la comtesse, un domestique se présenta
aussitôt.
    — Ma chère Isaure, — reprit Madame de V . . . , —
expliquez à Martinet où vous avez rencontré cet enfant.
   La jeune femme eut promptement donné les indications
nécessaires : c'était un peu avant de tourner le coin de la
rue Saint-Joseph, sous la porte du n° 16, que, de sa voiture,
elle avait aperçu le petit Savoyard.
    — Martinet, — dit la vieille dame, — courez à cet
endroit, et si ce malheureux est toujours là, vous le
ramènerez, le conduirez à l'office, le ferez bien chauffer,
bien souper, puis on lui dressera un lit dans la lingerie.
Recommandez tout cela à Mme Gareau.
    Le domestique se retira, et la comtesse, un moment
distraite de ses devoirs de maîtresse de maison, y revint
en jetant un mot affectueux et spirituel dans la conversa-
tion générale.
    On se disposait à faire de la musique, et Mlle Julie B . . . ,
l'active économe de la Société protectrice de PEnfance, que
tous les pauvres de Lyon connaissent et aiment, se dirigeait
vers le piano, lorsque Martinet rentra et marcha droit au
fauteuil de Mme de V..., avec une vivacité bien différente
du calme respectueux de son service habituel.
    Il était pâle et paraissait tout troublé.
    — L'enfant que madame m'a ordonné d'aller chercher
est dans l'hôtel, — dit-il à voix basse. — Je l'ai trouvé
couché dans la neige, et il est tellement engourdi que
Mme Gareau et moi n'avons pu parvenir à le réveiller :
 c'est un sommeil qui n'est pas ordinaire.