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                         MADELEINE                       300

soins, et les abandonner serait la mort pour e u x . . . Ils
n'ont que moi en ce monde ; ma sœur, à son heure der-
nière, me les a confiés.
   « Je vous ai bien aimé ! Je vous aime toujours ! Ma
vie ne sera qu'un long souvenir de vous. . . Vous avez été
bon, généreux, mais, je l'ai compris hier, nous ne pouvons
nous marier! Adieul...      Il faut bien du courage pour
écrire ce mot-là... J'espère que votre existence sera
douce. Une autre femme, plus favorisée que moi, vous
consacrera sa vie. . . Cela est si facile de vous aimer!
Pourtant, n'oubliez jamais entièrement la pauvre Made-
leine ! »

                            V.

   Cette lettre fut remise à Albert Dupart dans le courant
de la matinée.
   En lisant ces lignes, il crut rêver. Bien certainement
Madeleine les avait écrites sous l'empire d'une vive surex-
citation produite par le choc violent que lui avait causé
cette nouvelle si inattendue. Selon lui, elle s'exagérait
étrangement les conséquences qui devaient résulter pour
ses parents de son éloignement,- et il ne désespérait pas de
la faire revenir sur sa détermination.
   « L'attachement qu'elle me porte est trop vif et trop
profond, — pensait-il en se rendant chez M"e Verneuil, —
pour que je n'obtienne pas gain de cause en cette circons-
tance. Il est impossible qu'elle renonce à cette union. »
   Mais Albert Dupart ne savait pas jusqu'où peut aller la
puissance du dévouement chez une âme héroïque.
   Raisonnements, prières, supplications, tout fut inutile :
Madeleine demeura inébranlable.
   — Ma place est auprès de mon père et de ma mère, —