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                          CAILHAVA                      201
Lyon, à l'Hôtel-Dieu ; et que le talent et l'immense savoir
d'Antoine Gryphe, une des gloires de l'imprimerie lyon-
naise,n'ont pas empêché d'impitoyables créanciers de pour-
suivre avec acharnement et de retenir en prison pendant'
sept années cet helléniste, cet érudit, ce brillant éditeur
dont les travaux hors ligne, les admirables éditions, les
publications savantes avaient compromis la fortune. Pour
ces hommes si grands, les hommes d'argent furent sans
merci, et c'est en pensant à leur sort douloureux que les
Typographes lyonnais, à la fête de bienfaisance du mois
d'avril 1867,*avaient écrit sur un des drapeaux du Char
de la Typographie ces tristes vers :

            Une loi frappe le génie,
            Qu'il soit Dante, Job ou Tobie,
            Gutemberg ou Guillaume Tell,
            Qu'il soit d'Ecosse ou d'Ionie,
            Il vit pauvre et meurt immortel.
   Ce ne fut point cependant l'impression de la Louise
Labé qui donna le dernier coup à la position de Cailhava ;
 nous l'avons dit, ce n'était pas sa bibliothèque, ce
n'étaient pas les belles éditions qui le ruinaient. La gêne
reparut plus vive et plus pressante et, encore une fois, il
fallut confier les précieux volumes à la table des commis-
saires-priseurs. Ce fut M. Techener qui, de nouveau, fut
chargé de la fatale exécution, mais le libraire parisien
était trop habile pour ne pas faire une lucrative affaire
de la déroute de Cailhava. Aux richesses bibliographiques
de l'amateur lyonnais, Techener ajouta quelques livres de
son magasin et le nom de notre compatriote était si connu,
son tact et sa chance étaient si appréciés que, sans accep-
tion d'origine et de provenance, tous les ouvrages portés
sur le catalogue prirent aussitôt une importante valeur et