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378                   SIMPLE HISTOIRE

   — Avez-vous encore vos parents?
   — Mon père est mort ce printemps ; je n'ai plus que
ma mère qui est bien malade, et ma petite sœur Pâque-
rette âgée seulement de cinq ans. Pâquerette est née le
jour de Pâques, et moi dans la nuit de Noël
   — Et que comptez-vous faire à Lyon ?
   — Pardine ! gagner la vie de ma mère et de Pâque-
rette, — répliqua résolument l'enfant.
   — C'est bien courageux à vous.
   — Il n'y a pas de courage là-dedans, Madame ; je les
aime !... Ah ! du temps de papa Renaud , — un digne
médecin ! — nous ne manquions de rien... Malheureuse-
ment, lui et maman Lucile n'existent plus, et la métairie
que nous tenions pour eux a été vendue. A présent, à la
grâce du bon Dieu ! Au renouveau, je retournerai au pays
avec bien dix écus ; l'hiver prochain, je gagnerai un peu
plus, et lorsque je serai grand , je travaillerai à la terre
à Saint-Jean
   En ce moment, la pendule du salon sonna minuit :
l'année 1876 commençait.
   La comtesse se leva, et conduisant Christian par la
main, s'avança au centre du cercle qui les entourait. Il y
avait dans son maintien quelque chose de grave et de
recueilli qui semblait commander la continuation du si-
lence qu'elle avait sollicité un instant auparavant.
   Telle était sa pensée, car elle dit aussitôt :
   — Mes amis, mes enfants, je veux vous communiquer
un projet que les confidences de ce brave cœur ont fait
naître dans mon esprit. Il ne faut pas qu'il demeure da-
vantage séparé des êtres qui lui sont chers, ni qu'il s'éloi-
gne chaque année pour les faire vivre. Associons-nous
donc tous, afin de lui donner des étrennes qui assurent
l'avenir de cette mère et de cette sœur, but de sa sollici-
tude. Il a fait un pénible voyage, confiant dans la bonté