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472 MON AMI GABRIEL Les grondements du tonnerre répercutés par les échos, devenaient plus prolongés et plus sinistres. De rapides éclairs serpentaient en lignes de feu sur les flancs noirs des nuages qui couvraient déjà Nelly et son escorte. On marchait précipitamment en n'échangeant que des mono- syllabes. — Mille diables ! s'écriait M. Delprat. Nous aurons l'orage... Et pas un abri !... Pressez donc vos bêtes !... nous avons encore une demi-heure de chemin ! Soudain, le ciel de plomb craque avec un fracas ter- rible et la foudre découronne un grand arbre. Nelly pousse un cri d'effroi. La rafale se déchaîne dans toute sa furie ; la nuée livide crève et vomit des grêlons serrés qui mutilent les arbres et hachent les buissons. Des cris s'élèvent au milieu de la tourmente : « Nelly ! Nelly !... Pauvre Nelly !... Couvrez-la !... Que faire ?... » Les bêtes rétives n'avancent qu'à grand'peine, par un sentier presque à pic et chaque coup de foudre est une menace de mort pour la.petite/caravane. Enfin, l'orage s'apaise aussi brusquement qu'il a com- mencé, le ciel s'éclaircit peu à peu et le soleil laisse entrevoir sa lumière dans la transparence des nuages, qui se résolvent en pluie légère, pendant que le tonnerre s'éloigne. On arrive et l'on court au chalet. Nelly était trop faible pour résistera une telle secousse : ses dents claquaient, ses membres tremblaient et un sif- flement douloureux s'échappait de sa poitrine avec une toux aiguë. Le médecin jugea son état fort grave. Mmc Delprat et la gouvernante passèrent la nuit auprès d'elle. Quant à M. Delprat, il s'arrachait le peu de che- veux qui lui restaient, se reprochant d'avoir par sa faute conduit à la mort sa jeune parente.