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 290                  MADAME D'uRGEVAL

    « Le village de Vongnes était loin alors, en 1464, de
 ressembler à ce qu'il est aujourd'hui. Le château, bâti
 en 1689, par la famille de Tricaud, et acquis par mon
 père, n'existait pas. Le vieux manoir dont on voit encore
 les fenêtres e;i croix et le blason de Savoie, se trouvait
 au milieu du village. Deux tours s'élevaient au matin; la
 façade au couchant, étroite et surmontée de mâchicoulis
 et de poivrières, donnait sur la rue du village. Une ter-
rasse élevée servait d'entrée du côté de l'avenue; l'église
était à quelques minutes du château. •
   « On retrouve les mêmes noms qu'à cette époque par-
mi les habitants du village ; les Jaillet, les Maniglier, les
Rey, les Brunel-sans-Souci existent encore. Les familles
ont résisté aux orages, aux révolutions, qui ont depuis
changé des royaumes, morcelé des provinces. Ainsi,
lorsque des palais s'écroulent, que les rois1 sont atteints
par les révolutions et que tout change dans un pays,
l'humble aubépine, la modeste violette continuent de
fleurir à la même place, et une frêle plante est plus du-
rable qu'un trône et qu'un palais. »

    Il est facile de deviner que le livre ne finit point ici.
Malgré ses terribles blessures, le blessé n'est point mort.
Dans son désir de vivre et d'être heureux, il fait vœu,
s'il en réchappe, et aussi pour expier le crime de son
frère, d'aller en pèlerin à Jérusalem et d'y prier pendant
deux ans, humble et inconnu, au saint Tombeau. Le
ciel l'exauce. Des paysans lui donnent des soins, il se
rétablit, part pour la Palestine, est fait prisonnier, est
maltraité par un maître cruel, ne peut donner de ses
nouvelles, et gémit, pendant deux années, en songeant à
sa belle fiancée qu'il désespère de jamais revoir.
   Qu'il passe à travers la joie ou les larmes, le temps