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                      SIMPLE HISTOIRE                    359

une livre de chandelles... Vous, mes trésors, soyez sages
et ne pleurez pas.
   — Tu ne soupes donc point avec nous ? — interrompit
Mmo Renaud.
   — Non, mon amie. Prépare vite tout cela : c'est pour
une femme en mal d'enfant... Ah ! il faudra une lan-
terne.
   Tous les visages des chérubins s'assombrirent comme
celui de leur mère : sans avoir deviné, ils comprenaient
vaguement, et c'était assez pour les inquiéter.
   Mme Renaud sortit afin d'aller remplir les intentions
charitables de son mari, et le docteur reprit, en s'adressant
à l'aîné de sa jeune famille :
   — Tu sais, Jacques, que c'est aujourd'hui l'anniver-
saire de la naissance du petit Jésus, que tu pries soir et
matin. Il est venu au monde dans une étable, lui le fils
de Dieu, comme pour nous enseigner quïl n'y a rien de
plus grand et de plus saint que la pauvreté... Eh bien !
mon chéri, dans une chaumière, à une lieue d'ici, est à la
veille de naître aussi un petit enfant que la misère attend
au début de la vie. Je puis soulager sa mère qui souffre,
et remplacer par un peu de bien-être l'affreux dénûment
qui menace d'entourer son berceau ; mais pour cela il est
indispensable que je me prive du bonheur de commencer
cette fête avec vous tous. Que faut-il que je fasse,
Jacques? réponds-moi pour tes frères et tes sœurs.
   — Faire du bien à ces gens, papa, pour que le petit
Jésus te protège toujours... Si nous soupons tristement,
demain nous nous réveillerons le cœur plus heureux.
   Le docteur prit son fils dans ses bras et le couvrit de
baisers.
   — Et nous, papa ?... et nous, papa ?... —s'écrièrent
les autres enfants en se pressant autour de leur père
attendri.



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