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H6 SALON DE 1877 lots, se détachant sur des tentures incomparables de couleur et de réalité. Il y a, par malheur, au milieu de ces merveilles un mannequin chancelant, dont l'apparence cadavérique produit une pénible impression. Est-il possible que ce fan- toche ait la prétention d'être un Jeune amateur Louis XIII?... En somme, que le talent de M. Roybet soit de l'art très-fort et très-recherché, nous n'y contrevenons pas; mais nous sommes sans organe pour le plaisir qu'il donne. Il est d'ail- leurs désastreux que de tels artistes fassent école si faci- lement ; c'est de là que naissent ces plats repoussés et tout ce bric-à -brac vulgaire qui tue l'art en province. Ne préférez-vous pas, dans le genre un peu réaliste, l'In- térieur de cuisine, de M. Victor Gilbert, et surtout son Ecail- ler e ? C'est simple, naturel, et gracieux ; tous les détails sont dans leur ton. II Lorsqu'un talent de femme abandonne la timidité du pro- cédé et acquiert cette sûreté de touche qui résulte d'un long travail, on peut être certain qu'il produira quelque œuvre remarquable ; mais s'il est doublé d'un cœur d'artiste, il s'é- lèvera parfois jusqu'à la perfection. Est-il rien de gracieux, d'attirant et de profondément senti, comme les deux portraits signés de M"8 Sallôs-Wagner et de M"" Elisa Koch ? Dans le premier, une jeune femme debout près d'un piano, effleure d'une main le clavier d'ivoire et froisse un gant blanc dans l'autre, pendant que, le regard plongé dans le vague, la tête semble écouter peut-être le rhythme de la valse qui l'en- traînait tout à l'heure dans son tourbillon ?.. Mais non, c'est une mélodie plus mystérieuse et plus enivrante qui chante dans son cœur. La figure charmante se détache sur une tapisserie des Gobelins parfaitement en harmonie avec le sujet ; admirez en passant ces bras peints à ravir, supé- rieurs môme au visage ; puis voyez le second portrait déjeu- ne femme, celui de M"e Koch.