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             . MADELEINE
                         NOUVELLE (1)

                                  I
   11 y a dans notre pauvre et regretté département du
Haut-Rhin, non loin de l'ancienne frontière allemande,
une toute petite ville perdue au milieu de landes arides.
Sa position stratégique l'a fait entourer de hautes forti-
fications qui semblent écraser les chétives habitations
dont elle se compose. Etreinte de la sorte par ses rem-
parts,X... n'a pu laisser égarer une seule maisonnette en
dehors de ses portes. Sa population augmentant, elle a
diminué l'étendue de ses places, entravé ses rues ,
sacrifié la régularité, l'espace, le bien-être, et aujour-
d'hui, ses constructions, ainsi entassées et étouffées par
les murs d'enceinte, n'offrent plus aux regards que l'as-
pect d'une grande prison.
   Aussi Albert Dupart, qui venait d'être nommé garde-
général en résidence à X . . . , éprouva-t-il une pénible
impression en franchissant, pour la première fois, les
ponts-levis qui servent d'entrée à la ville. Il se deman-
dait déjà comment il ferait pour ne pas y mourir d'ennui ?
   Albert Dupart avait trente-cinq ans. C'était un homme


   (1) Par une bonne fortune que nous savons apprécier, M. le comte
de Foudras est devenu notre compatriote. Par une fortune meil eure
encore, et qui complète la première, l'aimable écrivain a voulu de-
venir notre collaborateur. Nous donnons aujourd'hui une touchante
Nouvelle, écrite pour nous et qui, nous l'espérons, sera suivie d'au-
tres récits aussi élégants et aussi gracieux.            A.. V.