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MINIMES 419 Parmi d'autres contestations, moins dignes d'être rap- pelées, nous mentionnerons deux procès : l'un à propos d'une cloche, que le Chapitre refusait de laisser sonner, l'autre pour obliger les chanoines à enlever le pilori qu'ils avaient fait placer en face de la porte du couvent. Des religieux ne sont pas autorisés, paraît-il, à con- voquer les fidèles aux offices divins et il leur est interdit d'annoncer au dehors les fêtes ou les deuils du monas- tère. C'était au moins l'opinion de l'obéancier de Saint- Just, et il déposa à la sénéchaussée une plainte contre les Minimes, accusant ses pieux voisins d'avoir reçu une cloche « d'une grosseur extraordinaire, non nécessaire à leur église, attendu leur qualité de religieux (1). Il y eut descente de lieu ; Pierre Sève, conseiller du roi, vint constater le corps du délit. La cloche pesait 720 livres et avec trois autres de dimensions plus modestes qui l'en- touraient, elle formait un carillon complet. Quelle serait sa destination, quand il convient seulement à la paroisse de saluer avec ses voix d'airain l'entrée du nouveau-né danslavie, ou d'accompagner de son glas funèbre le départ del'à me chrétienne pour un monde meilleur ?N'est-cepoint là un signe de bruyante rivalité ? N'agit-on pas avec un esprit de mesquine taquinerie et n'est-ce pas une tenta- tive pour opposer clocher à clocher? Brouillant les sons dans leurs oreilles confuses, les chanoines se croiront appelés à psalmodier Matines, quand la cloche réveillera les moines pour l'office de nuit ; peuvent-ils sans protes- tation tolérer pareil abus et sacrifier la sécurité de leur sommeil? Deux arrêts mirent un terme à leurs vaines terreurs et (1) Arch. départ. Fonds des Minimes. H. 370. Liasse de papiers concernant le couvent des Minimes.