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410 CHBONIQUE LOCALE — Le célèbre capitaine Boyton a profité de ce qu'il y avait de l'eau dans nos rivières pour nous faire jouir de la •vue de ses expériences et de ses exploits. Il est parti de Seyasel, à la nage, le 11, à 2 heures et le lendemain à la môme heure, avec un Rhône énorme et fort irrité, est arrivé à Lyon où il a été l'objet d'une ovation. Ses exercices na- tatoires à la gare d'eau de Perrache ont été applaudis, d'au- tant plus qu'ils peuvent devenir d'une réelle utilité, et que ses appareils ne tarderont certainement pas à tomber dans le domaine public. Nous ne quitterons pas le chapitre des fêtes, sans rappeler l'ouverture de l'Exposition rétrospective qui a eu lieu à l'heure dite, le 1 er mai. Avec un zèle au-dessus des éloges, la Commission a groupé dans les vastes salons du Palais du Commerce, des chefs-d œuvre de peinture, des meubles admi- rables, des tapisseries splendides. Tous les produits du génie humain passent sous les yeux étonnés, et on se demande si c'est bien Lyon qui possédait, dans ses demeures particu- lières, chez ses négociants, ses propriétaires, ses amateurs, tant de richesses, tant de curiosités, surtout tant d'œuvres d'art et de goût, tant de merveilles telles qu'on n'est habitué à en trouver qu'à Versailles, à Fontainebleau ou au Louvre? « Je vous ai parlé dans ma dernière lettre de l'ouverture au Palais du Commerce de l'Exposition rétrospective au pro- fit des ouvriers sans travail dit le Mémorial de la Loire. J'y ai fait depuis de longues visites et j'en suis sorti chaque fois de plus en plus émerveillé. Faute d'espace on a été obligé de restreindre l'exposition des tableaux, la qualité remplace la quantité. On a dû se borner à un échantillon de tous les maîtres anciens et modernes. Je cite au hasard quelques noms : Rubens, Ribera, Rigaud, Largillière, Murillo, Wou- vermans, Mignard, Greuze, Boucher, etc., etc ; parmi les ieintres modernes : Delacroix, Flandrin, Hanon, Meissonnier, Îngres, Henri Régnault, Corot, Rousseau, Saint-Jean, Chenu, etc., etc. Est-ce que l'eau ne vous vient pas à la bouche ? « Eh bien ! l'exposition des meubles et des tentures est de beaucoup supérieure à celle des tableaux. Il y a en ce genre des merveilles et des chefs-d'œuvre. On s'arrête véri- tablement abasourdi devant tel bahut que la gouge d'un artiste a fouillé avec amour et transformé en dentelle, ou devant une crédence — style italien — aux incrustations d'ivoire, dont le travail minutieux a dû absorber la vie en- tière d'un ouvrier. « Quelle merveilleuse époque- que celle où il y avait un artiste dans tout ouvrier, où un forgeron, par exemple, avec un simple marteau, exécutait ces grilles en fer forgé que nous admirons comme des chefs-d'œuvre. Quel luxe que ce-