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360 SIMPLE HISTOIRE En ce moment, Mme Renaud rentrait avec les provi- sions. — Pars sans perdre une seconde, Emile, — dit-elle ; — cet homme fait pitié tant il est inquiet: je lui ai promis ma visite pour aussitôt que je le pourrai. Le docteur serra sa femme contre sa poitrine, s'empara du panier, et s'élança dans jle corridor, où le malheureux paysan l'attendait, la lanterne à la main. IL M. Renaud et son conducteur marchèrent d'ahord ra- pidement, parce que, dans la ville, le terrain était plat, et les sentiers tracés dans la neige très-battus par les pas- sants ; mais lorsqu'ils eurent atteint les dernières maisons, ils commencèrent à monter, et force leur fut de cheminer avec plus de lenteur, et même de s'arrêter de temps en temps pour reprendre haleine ou reconnaître le sol parfois mouvant snr lequel ils s'avançaient. Durant ces courts instants de repos, le paysan ne man- quait pas de se confondre en remerciements naïfs et cha- leureux, auxquels le digne docteur répondait en le ques- tionnant sur la santé de sa femme et sur leur position. L'histoire de ces pauvres gens était la plus simple du monde. Mariés depuis près d'une année et dans d'assez bonnes conditions, ils n'avaient pas tardé à éprouver les rigueurs de la fortune. En peu d'heures, au mois d'août précédent, un incendie avait dévoré une partie de leur habitation, la totalité de leurs récoltes, et fait périr leurs bestiaux sans en épargner un seul. Pierre Chandora,— c'est le nom du Savoisien que nous avons omis de dire jusqu'à présent, — Pierre Chandora ne se découragea pas au milieu de tous ces désastres. Soutenu par une foi religieuse profonde et par son amour