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330               LA VIE DE SAINT ENNEMOND

 quelques uns du clergé, que ce saint ayant deux sœurs
 au couvent de Saint-Pierre de Lyon, qui devoit ses princi-
 paux biens aux magnifiques libéralités de ce saint arche-
 vêque, le ciel voulut qu'elles vinssent reconnaître le corps
 de leur saint frère, et eussent l'avantage de l'inhumer, en
 leur église. Sur quoy quelques députés du clergé les
 ayant amenées, elles ne furent pas sitôt proches de la
 barque que ce saint corps se rendit maniable et mobile
 comme les autres, et alors ces bonnes et désolées sœurs
 demandèrent que la sépulture luy fut donnée dans l'église
 de leur monastère qui était son ouvrage et qu'il avoit
 fondée, — ce qui leur fust accordé dans la pensée que
 ce miracle donna, que c'estoit, en effet, la volonté du
 saint. »
    M. l'abbé Condamin a eu aussi la bonne pensée de
joindre au texte de son livre un appendice de titres déjà
publiés, sauf quelques uns que notre M. Guigue a bien
voulu lui communiquer. Je citerai entre autres la pièce
n°4 qui est une lettre de l'évêque de Belley, du 27 mai
 1254, sur la présence du corps de saint Ennemond à Saint-
Pierre. Parmi les pièces rééditées, il s'en trouve une d'un
intérêt capital; c'est le testament de saint Ennemond dont
le texte est malheureusement des plus défectueux, quoi-
que emprunté aux annales des Bénédictins.
   Je suis autorisé à dire défectueux, car la découverte
faite dernièrement, aux archives du Rhône, par M. Gui-
gue, d'une copie écrite au xve siècle, de ce même testa-
ment, démontre tout ce qu'il s'y est glissé d'erreurs. A
titre d'exemple, je ne citerai qu'unfait. Tous les historiens
y compris le Gallia christiana, sur la foi du texte publié
par les Bénédictins, citent comme contemporaine de saint
Ennemond, une abbesse du monastère de Saint-Pierre,
du nom de Anemonia ; or la vérité est qu'il n'y a jamais