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                   PAR M, I/A.BBÉ CONDAMIN                327

foi et de recueillement que Mabillon saluait du nom d'âge
d'or, siècle peu connu. »
   Mais, dirai-je à M. l'abbé Condamin, le fervent béné-
dictin n'a-t-il pas exagéré le mérite de ce siècle? Un his-
torien moderne (1 ) dont l'œuvre a été couronnée deux fois,
par l'Institut, et qui, à son tour, a étudié avec un rare mé-
rite les temps où vivait saint Ennemond , n'a-t-il pas dit de
ces temps :
    « La décadence intellectuelle était alors déjà rapide et
profonde. Tout s'altérait, les études, les goûts littéraires,
jusqu'à la langue populaire, même la langue écrite. Nos
anciens historiens avaient fort exagéré les ténèbres pré-
tendues des siècles de décadence, une étude plus ccan-
plète'ët plus sérieuse a dissipé les erreurs longtemps ac-
créditées.
    « Mais ces siècles ne méritent pas, non plus, la réhabili-
tation souvent peu judicieuse qu'on en a tentée encore de
nos jours. Déjà, Grégoire de Tours, esprit d'une certaine
étendue, nourri à la source abondante des lettres chré-
tiennes, appartient à une génération d'évêques inférieure
à celle, non seulement des Hilaire et des Ambroise, mais
des Rémi et des Sidoine. Après lui, on ne trouve plus que
des annalistes obscurs et ignorants, tenant le registre
des événements, année par année, en s'attachant de pré-
férence à ceux qui intéressent leur clocher et incapables
de s'élever jamais à une idée générale. Toute la portée de
l'histoire se borne pour eux à fournir quelques exemples,
plus ou moins authentiques, de leur thèsesmorales et po-
litiques. »
   Ecoutons aussi ce qu'écrivaient sur le vne siècle, — le


  (1) M. Dareste, 81, Histoire de France;, 1,289.