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326               LA VIE DE SAINT ENNEMOND

saint Paul un laid petit juif. Mais que M. l'abbé Condamin
se rassure, et vous aussi, Messieurs, la conscience publi-
que indignée a fait justice, déjà, de ces basses injures
intéressées.
   C'est dans l'histoire religieuse de notre ville que
M. l'abbé Condamin a cherché le sujet de son étude « Je me
suis essayé, dit-il, à faire revivre la figure de l'un de nos
plus grands évêques. Membre du clergé de Lyon auquel
je suis heureux et fier d'appartenir, — et dévoué de cœur
aux traditions de ma ville natale, j'ai trouvé à écrire la vie
de saint Ennemond un double intérêt. Le glorieux martyr
se montra, et effet, le restaurateur zélé de la vie religieuse
(1 ) et tout porte à croire qu'il fut le premier apôtre de
Saint-Chamond. Sa vie appartient, du reste, à un siècle de



sans te comprendre, lut tes inscriptions tout de travers et crut
trouver dans ton enceinte un autel dédié à un Dieu qui serait
inconnu. Eh bien ! ce petit juif l'a emporté ; pendant mille
ans, on t'a traité d'idole, 6 vérité, pendant mille ans le monde
a été un désert où ne germait aucune fleur
  (1) Les cloîtres se repeuplèrent alors , mais il s'en fallait
cependant beaucoup que tous les moines sussent lire. Cette
ignorance des lettres se prolongea même jusqu'au-delà du
siècle de Charlemagne, malgré tous les efforts de ce grand
empereur pour la culture des sciences; car les actes du 1er
concile de Troly, près Soissons, font mention de plusieurs
abbés qui, lorsqu'on leur présentait la règle de leur monas-
tère, répondaient : « nescio littèras. » On exigeait, d'ailleurs,
si peu de connaissances pour être admis à recevoir la
prêtrise qu'on trouve dans les capitulairs de Rodolphe, arche-
vêque de Bourges, la question suivante comme l'une des plus
difficiles de celles qu'on posait aux candidats : Quomodo in
baptisma discernis sexum masculinum et feminum, vel nu-
merum pluralem et singularem ?' (Mss 4439 de la Bibljoth.
nat.)