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300 MADELEINE s'était envolée, libre, ressuscitée, radieuse; les murs de cette étroite demeure ne la contenaient plus : elle avait pris son essor. Ainsi la double .rcagie de l'espérance, qui embellit l'a- venir , s'empare du présent, et, par son prisme tout- puissant, métamorphose l'aspect de toutes choses. Voyez ! cette maison était restée morne et sombre comme autrefois, et voilà qu'une pensée, glissée au fond du cœur d'une femme, en a fait un palais ! 0 rêves d'espérance ! dussiez-vous fuir comme les nuages dorés qui courent dans le ciel, passez, passez tou- jours dans notre vie !,.. Le temps s'écoulait de la sorte pour Madeleine , lors- qu'un jour arriva où Albert, en entrant dans le modeste salon, dit à sa fiancée : — Mon amie, il faut hâter notre mariage : je viens de recevoir mon changement, et je voudrais que vous pus- siez partir avec moi. — Et vous allez loin, Albert?... — fit la jeune fille avec inquiétude. — Seriez-vous donc effrayée, ma chère Madeleine, de voir un nouveau pays, un autre coin du monde? Il y en a de plus beaux que celui-ci. — Ce n'est pas pour moi, mais pour mes parents : ils sont bien souffrants et bien vieux pour entreprendre un long voyage. Albert Dupart ne répondit pas immédiatement à ces paroles. Jusqu'ici, le bonheur avait empêché le garde-général de réfléchir beaucoup à leurs situations respectives. Il savait bien pourtant, dans son for intérieur, que la question qui se soulevait en ce moment, serait, sinon un obstacle, du moins un embarras à la réalisation de leurs projets. M11" Verneuil, devenue sa femme, devait nécessairement, selon