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                      MADAME D'ORGEVAL                     287

 dès le premier pas, elle a pu découvrir à côté d'elle, à son
 foyer, un sujet d'études qui restera comme une de ses
 Å“uvres les meilleures. Marie de Savoie est la gracieuse
 héroïne qui a su le mieux l'inspirer ; tel est aussi le titre
 d'une histoire qui se déroule en partie au château de
 Vongnes même. Mme D'Orgeval eût eu bien du malheur si
 elle eût échoué en décrivant un pays qu'elle aimait,
 son pays, le château qu'elle habitait, sa demeure à elle,
 et des personnages dont elle avait tous les titres dans les
 mains.
    Marie de Savoie était une patente éloignée d'Amédée
IX, alors régnant. Elevée à Bourg en Bresse, elle était
venue rejoindre sa famille à Chambéry et son apparition
 fut un éblouissement à cette cour de Savoie ou brillaient
tant déjeunes femmes intelligentes et belles. Deux jeunes
seigneurs, deux frères, Maurice et Âmédée de Lornay,
surtout, l'aimèrent et osèrent aspirer à sa main. Le sym-
pathique et vaillant Amédée est préféré et le souverain
de la Savoie préside à la cérémonie des fiançailles qui
sont bénies par Guillaume De Varax, évèque de Belley.
Cette partie contient plus d'une page descriptive et
colorée de Chambéry, du lac du Bourget,de l'abbaye
d'Hautecombe. A la fermeté du contour, à la pureté du
dessin, on comprend aussitôt que l'auteur a vu les lieux
qu'elle dépeint.
   « Le lendemain, le sire de Lornay prépare tout pour
son départ. Il partira seul et sans sui(e et se rendra aus-
sitôt chez son oncle, le seigneur de Grôlée, par la route
du Bugey. Cependant, il veut revoir encore une fois
celle qu'il aime plus que sa vie.
   « Marie est au palais ducal. Amédée entre dans
l'appartement de la duchesse. La jeune fille était assise ;
elle tenait sur ses genoux une des petites princesses, et