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RAPPORT SUR M.CANAT DE CHIZY 179 crayon fin-et spirituel, avait fait nos caricatures, et la Société conserve, con amore, un album sur lequel chacun de nous se reconnaît, quoique nos têtes ne soient pas cein- tes précisément du laurier d'Apollon . De ces nombreuses excursions, on rapportait toujours, triomphalement, quelque monument des vieux âges. Un jour, c'était la tombe d'un Sextumvir Augustal lyonnais, quiavait brûlé l'encens devantl'autel d'Auguste, mais que la mort avait surpris, en Bourgogne, au bord de la g'rande voie tracée par Agrippa. Une autre soir, elle traînait sur un lourd chariot un monument élevé à une jeune fille d'une tribu celtique appartenant à la nation des Suèves transportée dans nos contrées, devenues in- cultes, sous le règ-ne de Probus. D'autres fois, c'étaient de nombreuses inscriptions rappelant les dieux adorés en Bourgogne et surtout Mercure, le dieu préféré de nos an- cêtres. « Galli deum maxime Mercurium colunt, » a dit César. Mercure avait bien des attributions; on dit qu'il protégeait aussi les voyageurs, et ce qui nous prouve qu'il aimait également la villégiature, c'est que dernière- ment encore, en étudiant sous les portiques délabrés de ce palais, je l'ai rencontré prenant un bain, et quel bain? J'eus pitié de lui (1). Que n'était-il resté en Bourgogne ? Le musée de Chalon lui eût élé plus hospitalier. Il y eût ren- contré la plupart de ses anciens compagnons de l'Olympe, Bacchus, Mars, Jupiter auxquels nos pères avaient élevé des statues, et dont l'une en verre surmontait une co- (i) Ce monument auquel je fais allusion a été trouvé près Cha'on-sur- Saône, au commencement de ce siècle et transporté au musée de Lyon, où on le voyait encore naguère. Ii a été enfin mis à l'abri des intempérie3 de l'air et placé dans les salles de sculpture antique dont il forme l'un des plus beaux ornements.