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178 RAPPORT SUR M. CANAT DE CHIZY que année, comme une douce rosée, sur nos coteaux bour- guignons. Ces frivoles détails vous choquent peut-être ? La majesté du temple des Muses, où je parle, devrait peut-être me les défendre. Mais que voulez-vous ? je suis bourguignon et en Bourgogne nous adorons les œu- vres de la création. Pourquoi nous en a-t-elle donné de si douces ? La joyeuse bande, dans des costumes peu académiques, se dirigeait tantôt vers un lieu, tantôt vers un autre, se- lon les indications qu'elle avait eues sur l'existence de quel- que mine précieuse à exploiter. Le soir, on la voyait rentrer haletante, harassée, cou- verte de poussière, mais de la poussière des vieux âges, si chère aux savants. Toutefois, ces retours ne furent pas toujours si gais. Un soir, je me souviens, après avoir fouillé, de fond en comble , sans respect pour ceux qui y dormaient, des tombes de grands guerriers qui avaient adoré Teutatès ou les dieux de l'Olympe, la foudre gronde, le ciel se charge de noirs orages, la tempête éclate horrible, frémissante sur nos têtes; une pluie diluvienne nous accable.... Le lendemain, il devait être tenu une séance delà Société. La salle demeura vide... Tous les Esculapes de la cité ne suffirent pas& traiter les pauvres savants éeloppés. La fièvre, le rhume le catarrhe, la pituite, le rhumatisme, la goutte les clouaient dans leurs lits ... on eût dit un hôpital d'in- valides. Nous eussions dû nous rappeler que la ven- geance est le plaisir des Dieux.... les Dieux infernaux vaient vengé ceux dont nous avions profané les restes .. Mais une chose nous consola... L"un de nous, (1) avec son (I) M. Jules Ghevrier, ancien adjoint au maire de Chalon, chevalier de la Légion d'honneur, auteur do remarquables écrits et possesseur d'un très beau cabinet d'antiques, peintre très distingué.