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RAPPORT SUR M. CANAT DE CHIZY 177 ruche, d'infatigables abeilles ne songent qu'à colliger le miel qui doit les nourrir plus tard. Le culte de l'art y était secondaire. On n'en médisait pas , comme cela arrive parfois, mais on ne s'y adonnait pas . On n'en avait pas le loisir, ou du moins on le croyait. M. Canat de Chizy fut alors l'un de ces hommes généreux et enthousiastes qui rêvèrent d'acclimater dans leur ville les lettres et les arts, comme on voit des naturalistes importer et façonner au climat de leur localité de ces plantes exotiques aux plus suaves senteurs ou de ces fruits d'un goût exquis, nés dans de lointains pays. De .nombreux jeunes hommes mais que l'âge a blanchis ou que l'impitoyable mort, hélas! a ravis déjà , se réunirent et s'entendirent sur la fon- dation d'une compagnie. Celle-ci, en inscrivant sur son drapeau, cette devise « Servare, narrare, futuris prodesse » indiqua de suitele but qu'elle entendait poursuivre. Le sol chalonnais foulé par tant de peuples divers, d'origines si différentes, sortis, tantôt du nord, tantôt de l'orient et qui ont roulé sur notre contrée comme ces grandes vagues que roule l'océan en fureur sur nos plages, les jours de tempête, ce sol était couvert de riches épaves délaissées. Avant de décrire ces trésors, la Société voulut les recueil- lir. Et ici, Messieurs, j'arrive à des faits que j'aime aussi à me rappeler et que vous voudrez bien me permettre de vous raconter, comme on permet à un vieillard de conter de vieux et d'agréables souvenirs, quand cependant il ne radotte pas encore, on le croit du moins.... Pour réunir tous ces débris des vieux temps, on vit alors souvent, dès les premières heures du jour, sortir de la ville des chars remplis de pelles et de pioches. Mais faut- il l'avouer ? il y avait aussi sur ces chars des paniers où, sous de copieuses victuailles, se cachaient de nombreux flacons de ce jus divin que Bacchus généreux verse, cha- 12