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                       SALON DE 1877                      -147
   Cela, c'est une œuvre tout intime et d'une grande élévation
de pensée. Le modèle a une grande distinction ; les yeux
vous regardent avec une sincérité qui décèle aussitôt les tré-
sors de l'âme. Mais contemplez à votre tour cette image,
vous vous souviendrez de l'avoir vue quelque part, dans le
meilleur monde, et, absorbé dans ce tête-à-tête silencieux,
vous vous rappellerez les choses intimes que vous vous dîtes
sans vous connaître, si bien que vous ne songerez pas à l'art
qu'il a fallu pour communiquer à la toile tant de charme et
de vérité.
   Dans un autre portrait de femme, de M. Loubet, malgré
des qualités sérieuses, malgré la perfection d'une robe de
faille noire et d'un fond trop achevé, l'ensemble est bien
moins satisfaisant ; la tête, un peu sèche, se détache à l'em-
porte-pièce et manque de délicatesse féminine.
   C'est par la vigueur, le fini et la correction du dessin que
se distingue le portrait de M. le docteur Tripier, par M. Clé-
ment, professeur à l'Ecole des Beaux-Arts. Pourquoi ne pas
nommer le modèle, puisque l'artiste a cédé à la fantaisie un
peu naïve de lui mettre dans les mains une lettre dont chacun
peut lire l'adresse ? Or, le docteur donne une consultation ;
son attitude a une néglig-ence voulue ; son visage est par-
lant, trop parlant peut-être, c'est-à-dire que nous y trouvons
une expression forcée qui n'était ; pas nécessaire pour rendre
l'intelligence et la vivacité d'esprit. En résumé, M. Clémen*
a des qualités de coloriste qu'on n'est pas habitué à rencon-
trer chez les professeurs de peinture ; mais ce serait un
écueil de chercher à faire dire au pinceau plus qu'il ne peut.
Cette observation ne peut guère s'adresser à l'Italienne en
prière, qui malgré sa posture théâtrale rest e néanmoins
dans son caractère méridional.
  M. Chatigny, qui fait sa rentrée au Salon avec un nombre
imposant de tableaux, est aussi, quoi qu'on en dise, un
coloriste, et s'il procède d'une toute autre manière que
M. Clément, iln'en est pas moins intéressant à étudier.C'est
par des oppositions de lumière et d'ombre qu'il obtient les