Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
148                      SALON DE 1877

effets puissants que l'on remarque dans le portrait de
M. *** ; la tête est un chef-d'œuvre de clair-obscur et de
gradation. Qu'il y ait un peu de convention dans la peinture,
nous ne le nions pas ; mais ne voyez que le résultat : ce por-
trait reste jusqu'à présent, croyons-nous, une des meilleures
toiles|produites par M. Chatigny. — Mais voici que l'école
naturaliste part en guerre contre ce qu'elle appelle Vophèlis-
me du peintre, représenté cette fois par Mireio, Graziella,
 Cendri lion... Certes, il faut l'avouer, ces œuvres ne sont pas
encore exemptes de parti-pris, et il est à désirerque M. Cha-
tigny se dépouille de plus en plus des défauts de son ancien-
ne manière. Mais n'y a-t-il pas de la poésie dans sa Graziella?
 sa Cendrillon surtout, n'est-elle pas fort originale, même
 après toutes les Cendrillons que l'on a vues ? Il est possible que
 vous lui préfériez « une fille de la Brie » ; mais regardez
 bien ce visage souffreteux et vous verrez qu'il s'en exhale
 un sentiment profond. Est-ce le sujet qui vous déplaît? Au
 moment où l'Opéra-comique reprend avec succès la Cendril-
 lon de Nicolo, vous n'avez pas le droit de trouver cette création
 surannée. Une dernière remarque sur cette toile : les con-
tours et les plis des vêtements sont accentués par des arêtes
 au couteau : c'est un procédé que nous n'avons vu que dans
 la fresque.
   M. de Bélair a quelques-unes des tendances de son maî-
tre, qu'il exagère. Le portrait de jeune fille manque de pré-
cision. L'Abel ne nous satisfait nullement. En revanche,
VEnfanl au violon est un travail d'un grand mérite, bien
personnel, bien vivant, d'un coloris enchanteur ; si l'artiste
s'est attardé amoureusement dans le soin des détails, cela
n'est pas moins une des belle choses du salon. Plus de tâton-
nements, M. de Bélair! vous avez trouvé la bonne voiej n'en
sortez plus.
   Il y a aussi de grandes ressources chez M. Salle, l'auteur
de la bonne Vieille, un type qui se perd, de l'Intérieur d'a-
telier, du Benedicite, toiles pleines de sincérité et d'exacti-
tude.