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54 CAilJlAVA r Parfois, il accourait triomphant, montrant à ses amis une plaquette rarissime, couverte d'or dans une vente de Londres ou de Paris,fou trouvée à Lyon par hasard et enlevée à un prix minime chez Rivoire ou chez Fontaine. Ces alternatives sérieuses le conservaient en équilibre et en santé, empêchaient sa haute intelligence de sombrer, et surtout lui maintenaient ouverts les salons les plus sévères et les portes les plus réservées. Un hasard heureux lui fit découvrir un jour un manus- crit du xvie siècle, d'une importance majeure pour notre histoire locale. Cette curiosité, ce trésor, échappé aux investigations du Père Lelong, du Père Menestrier et de nos plus célèbres fureteurs, avait pour titre: De tristibus Franciœ. C'était un poème latin d'un auteur inconnu, probablement Lyonnais, qui, dans les malheurs de la France, s'apitoie plus dou- loureusement sur les désastres qui ont frappé Lvon et le Forez. Trente neuf planches ou dessins, dans lesquels le cha- grin et l'amertume s'allient à la caricature et à la satire, représentent les huguenots en figures de singes, démolis- sant nos édifices religieux, tuant les hommes, insultant les femmes et pillant villages et cités. Ces dessins coloriés à l'aquarelle sont, dit M. Cailhava, de la même main que le manuscrit, mais ne sont pas dus à l'auteur du poème,Jcomme l'a cru le Père de ^Colonia. Quoique les vers ne soient pas de la plus élégante latinité, ils indi- quent un esprit supérieur, une intelligence ornée, un érudit. Le copiste, en traçant d'une écriture nette et lisi- ble ces vers*qu'il ne comprenaitjjpas, a faussé la mesure, estropié nombre de mots et montré que ses doigts étaient plus exercés'quefson cerveau. M. Cailhava_voulut1 sauver ce^monument qui faisait si