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                              MUSIQUE.                            83

 s'aperçoit pas plus des difficultés du mécanisme, que des diffi-
 cultés de la composition.
    Aussi quelle intéressante revue de l'art musical M. Mortier de
 Fontaine a passée dans cette séance du 28 décembre ! Seulement
 elle a été trop abrégée, trop incomplète. Comme M. Fétis dans
 ses concerts historiques, il n'avait pas à sa disposition un orches-
 tre et des chœurs. Seul, néanmoins, avec un excellent chanteur,
 M. Holtzem, il a pu nous initier avec les chefs-d'œuvre oubliés
et en tracer une rapide histoire; il y a joint quelques explications
verbales. Après cela, que chacun complète cet essai par des
études particulières, la leçon aura été des plus utiles.
    L'air d'Euridice de Péri laisse entrevoir ce que pouvait être
le premier opéra joué à la fin du XVIe siècle, une exquise mélodie
qui tient encore au plein-chant par son rhythme et sa tonalité et
qui n'a pas encore subi les influences du mouvement et de la
passion dramatique. La fugue et la sonate de Sébastien et Fried-
mann Bach sont un progrès sous ce rapport, mais à travers ce
réseau compliqué d'un contrepoint ingénieux, les idées disparais-
sent pour l'auditeur, le sentiment est affaibli par les efforts qu'il
doit faire pour ne pas s'égarer dans ce labyrinthe d'imitations
serrées. Ce n'est pas là le dernier mot de la musique; la voici
qui éclate dans toute sa splendeur à la fin du XVIII0 siècle, avec
les immenses génies qui joignent à la fécondité créatrice la
science des siècles précédents et l'intuition de tout ce qui peut
y être ajouté sans rétrograder vers une scholastique aride, maîtres
en tout, et d'autant plus puissants qu'ils savent se modérer et
proportionner leurs moyens d'effets à ce qu'ils veulent dire.
   Paesiello, Cimarosa et Rossini, le dernier des maîtres italiens;
pour les Allemands, Gluck, Haydn, Mozart et Beethoven ; eu
France, Méhul et Grétry. Après eux l'art musical redescend la
pente opposée. Quelques-uns résistent et enrayent la marche
fatale de la décadence. Mendelsohn entre autres, fidèle à l'ordre
et à la clarté, ce qui ne l'empêche pas d'avoir dans ses ouvrages
une couleur toute nouvelle et une puissante individualité. Puis
à force de recherches de l'imprévu et de l'original, d'autres enve-
loppent de belles inspirations d'aspérités scientifiques, et par