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451 Sous Charles sixiesme ou vit la populace De Lyon mutinée et remplie d'audace , Voulant fouler aux pieds tous les supérieurs, Disant il ne faut plus qu'ores on nous commande; Nous auons nostre tour, sus sus qu'on se desbande , Mettons dessous nos pieds et roys et gouverneurs. Deux cens ans sont passez que la tourbe mutine Reuuersant l'équité , la conduite diuine , Voulut le consulat à son tour gouuerner ; Et voulant saccager, brusler, mettre au pillage Les plus riches bourgeois, par un conseil volage, On la vit comme folle en armes s'esleuer. Iustice est sans respects où règne violence. Ou ne peut tout soudain abattre l'insolence D'un peuple mutiné, desbandé de raison. Il faut que peu à peu il passe sa furie, Et comme ia vaincu par sa mesme folie, On le trouve à loisir dans sa propre maison. Ce fut ce mesme iour qu'ores on solemnise, Qu'on orne de festons, que la ioie éternise , Que les Apostres saincts eurent le Sainct Esprit, Que folle s'esleua cesle tourbe mutine Vomissant le courroux d'une infecte poitrine, N'ayant pour son objet que rage et que despit. Pour fuir la fureur de cette hydre cruelle, Les tours et les clochers seruent de citadelle Aux plus riches bourgeois ia de frayeurs tremblant. ' Mesme l'abbé d'Aisnay, en ces célèbres festes, Se cantonne en ses tours , et à coups d'arbalestes Abbat de ces mutins les assauts violens. Encor ne parloit-on de l'horrible furie Du canon , de la poudre , ennemis de la vie. Le salpestre subtil ne monstroit ses efforts Aux furieux combats, aux assauts , aux allarmes. L'arbaleste, l'espieu, l'espée estoyent les armes Qui mettoyent les humains au royaume des morts,