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115 et que celuy qui représentait lesus-Christ s'appelle Josué de Villeneuue. I'adiouste que celuy qui ioûoit Lucifer a pour n o m Simon Y a n n e r o t , et que tous deux sont honnestes e n - fants , de belle expeclation, iouyssant encore auiourd'huy d'vne pleine santé , sans auoir esté ny peu ny prou atteints de maladie: dequoy te feront foy les yeux et tes oreilles, si pour voir la laideur de tes mensonges il te prend fantaisie de t'en venir informer en ceste ville. Vous pensez peut estre (Messieurs) que c'est tout. Non u o n , cest homme n'est pas encor saoul de mentir. Prenez garde comme il lasehe les mensonges quatre à quatre. « Entre trois tonnerres qu'il fit ( d i t - i l ) il y e n eut vn si « terrible., que le foudre cheut sur vne tour qui est au bord « du Rhosne , ioignant le Collège des Iesuites. Leans il y « auoit vn homme qui fut blessé et vne femme tuée. Le fou- « dre rompit la cheminée par où. il e n t r a , puis sorti par « mesme e n d r o i t , seiette sur un bateau chargé de bois , qu'il « fit couler au fonds du Rhosne. » Voila sept mensonges pour vne seule vérité, qui est que le foudre tomba dans vne t o u r , estant faux que ceste tour soit ioignant le Collège ; faux que le foudre y tombant^ vn h o m m e y fust : faux par conséquent qu'il y fust blessé : faux qu'vne femme y fust tuée : faux que le foudre rompit aucune chemi- née : faux qu'il se soit ietté sur aucun bateau : faux enfin qu'il l'aye fait couler au fonds du Rhosne. Ceste dite tour est celle qu'on nomme du C o m m i s , la plus proche de la porte des Cordeliers , et la quatriesme en contant depuis la porte de rue N e u v e , et parlant bien esloignée du Collège. Car si on conle instement depuis le plus proche coin des Iesuites iusqu'à celuy des PP. Cordeliers, l'on trouuera que ladite tour est plus voisine d'eux que des Iesuites, au moins de cent et quinze pas. L'on n'a point remarqué qu'autre mal y soit arriué, que d'effrayer vne femme qui estoit dedans , et fondre la pointe d'vn poinçon seruant à sonder les balles (1). Celuy qui ha- ( 1 ) Les balles de marchandises qui entraient à Lyon. De nos jours encore,