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Ce fut la plus grande de toutes les inondations dont notre ville ait été af-
fligée. En effet, celles arrivées en 580, 1370 et 1602 ne nous apprennent
la jonction du Rhône et de la Saône que sur la place des Jacobins. Et il a
été reconnu par l'inscription placée sur la face de la seconde maison du
quai, en allant du pont de St-Yiucent à St-Beuoit, et qui mentionne la hauteur
des eaux en 1602, que la crue de celte année l'a dépassée d'environ deux
pieds, quoiqu'il soit constant que le pavé de la ville ait été élevé de plus de
7 pieds depuis ce temps-là.
   Le Rbône se répandit dans la grande rue de l'Hôpital, dans la rue Con-
fort ; et s'il avait cru de deux doigts de plus , il aurait joint la Saône dans la
dite rue, ce qui n'arriva que dans la place des Jacobins où elle s'éleva jus-
qu'au dernier degré de la croix ou pyramide qui s'y trouvait à cette époque.
Les rues Raisin, Mercière, Grenette et du Bois furent en partie inondées.
On ne pouvait aller qu'en bateau de la rue de la Poissonnerie à la place de
''Herberie.
   Le désordre fut très grand à Bellecour. Le portail de l'église de la Cha-
rité fut couvert par plus de six pieds d'eau. Le Rbône et la Saône se joigni-
rent le 26 à l'extrémité du Mail. Une inscription le constata.
   Les portes de Vaize , de St-Georges et d'Halincourt furent barrées par
les eaux pendant plusieurs jours et les ferrures en furent couvertes. L'eau
de la Saône touchait le plancher du pont de bois de St-Vincent et la der-
nière arcade du Pont-de-Pierre du coté du Change.
   MM. les Prévôts des marchands et Echevins empêchèrent le passage des
voitures sur le pont et firent évacuer les maisons qui sont à son avenue du
coté de Saint-^izier. Ils prirent toutes les précautions convenables pour
faire attacher avec de bons cables et triples cordages les bateaux qui se trou-
vaient au dessus des ponts.
   Les citoyens surpris dans les maisons sises sur les quais, furent obligés de
tirer avec peine leur subsistance par les fenêtres et se trouvaient emprisonnés
chez eux.
   La rivière entra dans plusieurs églises, principalement dans celle des Cé-
lestins où. l'eau monta jusque sur les degrés de l'autel, et dans celle des Ja-
cobins où tous les tombeaux furent soulevés. L'église des Augustins fut long-
temps inhabitable, soit à cause de l'infection, soit à cause de l'humidité ;
la Saône ayant creusé très profondément dans plusieurs endroits et tout le
pavé ayant été enlevé.
  Voici, à ce sujet, des documents tirés des papiers trouvés dans les archives
des Grands Augustins. Ils nous ont été fournis par M. Godemard.
  Le vingt quatre de Feburier jour de S. Mathias de l'an mille sept cent