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318 dant l'hiver. C'est encore, hélas ! tout à fait de circonstance aujourd'hui. Tandis qu'autour de nos grands feux, De ces bons feux, rouges de braise, Nousnous chauffons tout à noire aise, Il est de pauvres malheureux Qu'un froid cruel pénètre et glace. Quandle pain manque en leur grenier, Il faut aller le mendier ; Alors ils vont de place en place , Ou, blottis dans un coin, tremblants , Tâchent d'attendrir les passants ; Mais ceux-ci couverts de fourrure Et munis d'un ample manteau , Sous lequel l'hiver même est chaud , Disent : «La saison est trop dure < Pour que l'on puisse s'arrêter. » i Ils courent, sans rien écouter , Au large feu qui chez eux brille. Le pauvre rentre en son logis, Ses membres de froid engourdis , Mais pour lui nul feu ne pétille. Plaindre les pauvres , c'est trop peu ; Soyons leur appui tutélaire : Riches, donnez à la misère Le pain , les vêtements, le feu. Nous terminerons par une légère observation : elle nous est fournie par la conversation entre un petit garçon d'un bon caractère et une petite fille boudeuse. Deux enfanls se querellent au sujet d'une image ; pour amener sa sœur à lui demander pardon , le petit garçon ne trouve rien de mieux que de lui en promettre deux. N'est-ce pas là développer l'égoïsme et l'envie que de nous exciter à une bonne action ou au repentir par l'appât d'une récompense, au lieu de nous y pousser par la conscience de nos torts réels. Le précepte qui découle de cette moralité ne nous semble pas non plus bien saisissable pour de jeunes intelligences.