Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                285
de le conduire à Orléans. Moins courageux que plusieurs ab-
bés qui faisaient de leurs monastères des forteresses contre
les seigneurs , il songea d'abord à fuir. Ayant changé toutà-
coup de résolution , il revint dans la ville et se présenta lui-
même aux satellites du roi que les courtisans avaient trompé.
Il se mit en route avec eux ; mais leurs chefs, craignant qu'En-
nçmond ne se justifiât, et que Khlowig., venant à découvrir
son innocence el celle de son frère", ne voulût venger la mort
de ce dernier, massacrèrent le vénérable prélat sur les bords
de la Saône, au-dessus de la ville dont il était évêque. Ici les
pieuses légendes racontent un grand miracle.
   Son corps ayant été mis dans un bateau sur la Saône, ce
bateau vint à Lyon sans être conduit par personne. Du rivage
on voyait auprès de lui deux lumières très-resplendissantes.
Les çlocbes par-devant lesquelles il passait sonnaient d'elles'
mêmes , sans doute par reconnaissance pour leur inventeur,
et célébraient ainsi à l'envi les unes des autres ce voyage mi-
raculeux. On ajoute que le clergé de Lyon^ averti de son
arrivée, alla au-devant de lui en procession solennelle; mais
chacun voulant honorer son église de ce précieux dépôt, le
corps resta immobile au milieu des eaux. On fit alors venir
ses deux sœurs, Pétronilla et Lucia 5 religieuses du monas-
 tère de Saint-Pierre, accompagnées de l'abbesse et des autres
nonains; le corps du saint témoigna sa joie par un tressaille-
ment, et fit connaître,, en allant à leur rencontre, qu'il vou-
lait être inhumé dans leur église (i).
    Nous avons déjà dit que la possession des restes de saint
Ennemond devint pendant long-temps un sujet de dispute
 entre le chapitre de Saint-Mzier et l'abbesse de Saint-Pierre ;
cette concurrence embarrassait la piété des fidèles. Il y eut
 une information en 1309 pour savoir quel lieu fortuné les
renfermerait ;, on décida avec beaucoup de. peine en faveur

  (1) PçirtUi)  P- 96. • Bollandus,
                                                 f      •        —
XXXVIII, septembre, pag. 747.