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 Tracy et M. de Biran à intervenir avec l'intelligence (1) ,
et à remeubler ainsi Famé de ses concepts les plus divers
et les plus grands ! Il l'aurait fait, j'ose le dire, avec plus
de richesse et dé réalité que les philosophes éclectiques
qui ont suivi, lesquels, n'étant ni physiciens, ni natura-
listes, ni mathématiciens, ni autre chose que psychologues,
sont toujours restés par rapport aux classes des idées dans
une abstraction et dans un vague qui dépeuple l'ame et
en mortifie., à mon g r é , l'étude. Par malheur, si M. de
Biran se tient trop étroitement à cette volonté retrouvée,

   (1) Nous pourrions citer, d'après les plus anciens papiers et projets d'ou-
vrages que nous avons sous les yeux , des preuves frappantes de cette large
part faite à l'intelligence, qui corrigeait lout-à-fait le point de vue profond ,
mais restreint, de M. de Biran, et l'environnait d'une extrême étendue.
Ainsi ce début qu'on trouve à un plan d'une histoire de l'intelligence humaine :
 « L'homme , sous le point de vue intellectuel, a la faculté d'acquérir et celle
de conserver. La faculté d'acquérir se subdivise en trois principales : il ac-
quiert par ses sens, par le déploiement de l'activité motrice qui nous fait dé-
couvrir les causes j par la réflexion qu'on peut définir la faculté d'apercevoir
des relations, qui s'applique également aux produits de la sensibilité et à
ceux de l'activité. On aperçoit des relations entre les premiers par la compa-
raison , entre les seconds par l'observation des effets que produisent les
causes. On doit donc diviser tous les phénomènes que présente l'intelligence
en quatre systèmes: le système sensitif, le système actif, le système compa-
ratif, et le système étiologique. » Dans un résumé des idées psychologiques
de M. Ampère, rédigé en 1811 par son ami M. Bredin, de Lyon , je trouve :
 «On peut rapporter tous les phénomèmes psychologiques à trois systèmes:
sensitif, cognitif, intellectuel. » Ce système cognitif et ce système intellec-
tuel , qui semblent un double emploi, sont différents pour lui, en ce qu'il
attribue seulement au système cognitif la distinction du moi et du non-moi,
qui se tire de l'activité propre de l'être d'après M. de Biran : il réservait au
système intellectuel, proprement dit, la perception de tous les autres rap-
ports. Quoique cela manque un peu de rigueur, la lacune signalée par
M. Cousin chez M. de Biran était au moins sentie et comblée, plutôt deux fois
qu'une.