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auoir sceu proprement accommoder la Bible à la poësie, et
la poësie à l'echafaut, et tous deux à vn honneste plaisir et
instruction. Aussi estoit-ce le commun désir de tous les an-
ciens Pères, de Sainct Cyprien, Sainct Augustin , Sainct Chry-
sostome, Lactance, Arnobe, Tertullien, qui avec tant de vé-
hémence ont inueçtiué contre les spectacles payens , ne ces-
sant de souhaitter que lesus Christ gaignast l'Orchestre aussi
bien que le Palais, l'Hypodrome (1), aussi bien que le camp,
les Arènes aussi bien que le Temple, que tout fut à luy, et
que par dessus tout flambast sa croix victorieuse. Les, choses
 sainctes , dit S. Hierosme , doiuent estre perçeues et par les
yeux et par les oreilles. Et quant à ce qui touche le Iugement
 duquel il est maintenant question^ on remarque que Tertullien
 qui a vescu il y a plus de 1400 ans en a forny le parfait argu-
 ment aux Iesuites en ces termes :
  « Mais quel spectacle au ehrestien, dit-il, est l'aduenement
« voisin du seigneur, ia cogneu, ia glorieux et triomphant*
« quelle exultation des Anges, quelle gloire des Saincts res-
« suscitans , quelle le royaume des Justes, et la nouvelle cité
« de Hierusalem? De pareille représentation nous est ce grand
« et dernier Iugement, cest inespéré aux nations, et mocqué
« d'icelles. Lorsque tant et tant de siècles et générations
« seront consumées d'un feu. Vrayement il y a bien là que
« voir et regarder, etc. (2). »
  Ainsi parlait cest ancien au temps iadis., fornissmt de sujet
   (1) Lisez Hippodrome ; c'était le lieu destiné pour les courses de. chevaux.
   (2) « Quale autem spectaculum in proximo est, adventus domioi,jam indu-
bilali;jam superbi, jam triuoihhantis! Quaciila exultatio Angelorum, qua;
gloria resurgentium sanctorum, quale regnum exinde justorum. qualis civi-
tas nova Hierusalem ! 4t enim supersunl alia spectaculo : Me ultimus et per-
 petuus judicis dies, ille nationibus insperatus, ille derisus , cum tanta se
éuli vetustas, et tôt ejus nativitas uno ignehauricntur! Qnaj tnnc spectaculî
latitudo ! Quid admirer? Quid redeam? Ubi guadeam? Ubiexultera ? De spec-
taculis, XXX. » S'ils eussent été moins connus, nous aurions rapproché do
cet admirable fragment les beaux vers de Louis Racine qui se trouvent dans
le VIe chant du poèmo de La Religion.