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nous reprochons à celte statue, c'est une certaine affectation dans la ma-
nière dont est posée la main droite , qui semble proléger l'autel et le trône,
placés en arriére ; il y a de la raideur dans ces doigts également écartés, et
cette grande manche, vu la position du bras, y est trop complaisamment
collée ; un motif de plis large et hardi aurait pu seul la soutenir ainsi- et
l'empêcher de cacher la main que l'artiste avait intérêt de montrer. Le défaut
de celte Å“uvre est, selon nous , un peu de monotonie dans l'ensemble de la
draperie.
    M. Legendre Héral a exposé le modèle en plâtre d'une Minerve ; il sera
 toujours dangereux pour un statuaire de notre siècle d'avoir à lutter contre
 l'antiquité ; aussi nous ne pouvons oublier devant la statue de M. Legendre,
 la belle Minerve au collier, encore moins la Pallas de Vellelri, et la compa-
 raison involontaire qui s'établit entre ces deux divinités et celle que nous exa-
 minons , nous rend très-difficiles, injustes peut-être. Non, ce n'est pas là la
 grande déesse d'Athènes, qui est sortie lout armée du cerveau de Jupiter ;
 la tête est sans noblesse, l'ajustement général est mesquin ; c'est de l'antique
  comme on le comprenait sous l'Empire , de l'antique à la manière de M. Per-
 cier. Il est fâcheux pour M. Legendre-Héral qu'il n'ait pas exposé quelques
 bustes; car il excelle dans ce genre, qui demande plus de naturel que d'in-
 vention.
    P . Arthur Guillot a , dans sa statue de Sixte-Quint berger, reproduit toute
 une histoire pour la pensée; Voila le jeune Félix Pereti gardeur de pourceaux
 et rêvant peut-être à son avenir , les yeux attachés sur cette carte de l'Italie,
 ses futurs états. Deux religieux, surpris du contraste , l'entraînent dans leur
 couvent. Le pâtre se fait homme, et l'homme se fait Sixte-Quint. Le sujet
est admirablement trouvé. L'exécution y répond. Il y a de la naïveté dans
cette pose* de la méditation danft ce front, de l'étude dans les détails, et
de !a pensée dans l'ensemble. Courage, M. Guillot!
    Si de la sculpture nous montons à la peinture, en traversant les salles
des Musées égyptiens, grecs et romains , où nous nous arrêtons pour admirer
l'œuvre capitale dé M. Ingres, l'Apothéose d'Homère, nous arrivons au salon
carré où nous nous trouvons en présence de cette autre œuvre de M.Ingres,
Hyppolile Flandrin , qui a représenté avec le talent que vous lui connaissez
saint Clair, premier évêque de Nantes, guérissant des aveugles. M. Hyppolite
Flandrin a triomphé , autant que possible, des difficultés que présentait une
composition dans une toile étroite et haute comme celle qui lui a été impo-
sée. Malgré le ton gris qui régne dans l'ensemble dé cet ouvrage plus encore
que dans le Dante; la puissance de la forme est telle qu'il ressort comme
œuvre de maître au milieu de tous les tableaux qui l'environnent, et les fait