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304 nous reprochons à celte statue, c'est une certaine affectation dans la ma- nière dont est posée la main droite , qui semble proléger l'autel et le trône, placés en arriére ; il y a de la raideur dans ces doigts également écartés, et cette grande manche, vu la position du bras, y est trop complaisamment collée ; un motif de plis large et hardi aurait pu seul la soutenir ainsi- et l'empêcher de cacher la main que l'artiste avait intérêt de montrer. Le défaut de celte œuvre est, selon nous , un peu de monotonie dans l'ensemble de la draperie. M. Legendre Héral a exposé le modèle en plâtre d'une Minerve ; il sera toujours dangereux pour un statuaire de notre siècle d'avoir à lutter contre l'antiquité ; aussi nous ne pouvons oublier devant la statue de M. Legendre, la belle Minerve au collier, encore moins la Pallas de Vellelri, et la compa- raison involontaire qui s'établit entre ces deux divinités et celle que nous exa- minons , nous rend très-difficiles, injustes peut-être. Non, ce n'est pas là la grande déesse d'Athènes, qui est sortie lout armée du cerveau de Jupiter ; la tête est sans noblesse, l'ajustement général est mesquin ; c'est de l'antique comme on le comprenait sous l'Empire , de l'antique à la manière de M. Per- cier. Il est fâcheux pour M. Legendre-Héral qu'il n'ait pas exposé quelques bustes; car il excelle dans ce genre, qui demande plus de naturel que d'in- vention. P . Arthur Guillot a , dans sa statue de Sixte-Quint berger, reproduit toute une histoire pour la pensée; Voila le jeune Félix Pereti gardeur de pourceaux et rêvant peut-être à son avenir , les yeux attachés sur cette carte de l'Italie, ses futurs états. Deux religieux, surpris du contraste , l'entraînent dans leur couvent. Le pâtre se fait homme, et l'homme se fait Sixte-Quint. Le sujet est admirablement trouvé. L'exécution y répond. Il y a de la naïveté dans cette pose* de la méditation danft ce front, de l'étude dans les détails, et de !a pensée dans l'ensemble. Courage, M. Guillot! Si de la sculpture nous montons à la peinture, en traversant les salles des Musées égyptiens, grecs et romains , où nous nous arrêtons pour admirer l'œuvre capitale dé M. Ingres, l'Apothéose d'Homère, nous arrivons au salon carré où nous nous trouvons en présence de cette autre œuvre de M.Ingres, Hyppolile Flandrin , qui a représenté avec le talent que vous lui connaissez saint Clair, premier évêque de Nantes, guérissant des aveugles. M. Hyppolite Flandrin a triomphé , autant que possible, des difficultés que présentait une composition dans une toile étroite et haute comme celle qui lui a été impo- sée. Malgré le ton gris qui régne dans l'ensemble dé cet ouvrage plus encore que dans le Dante; la puissance de la forme est telle qu'il ressort comme œuvre de maître au milieu de tous les tableaux qui l'environnent, et les fait