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333 de nombreuses années. Dans ce pays s a u v a g e , inontueux, séparé des r o u t e s , Fenfant grandissait, l i b r e , sous son p è r e , et a p p r e n a i t tout presque de lui-même. Les c o m b i - naisons mathématiques l'occupèrent de b o n n e h e u r e ; e t , dans la convalescence d'une m a l a d i e , on le surprit faisant des calculs avec les morceaux d'un biscuit q u ' o n lui avait d o n n é . S o n père avait commencé à lui enseigner le latin ; mais lorsqu'il vit cette disposition singulière p o u r les m a - thématiques, il la favorisa, p r o c u r a n t à l'enfant les livres nécessaires, et ajournant l'étude approfondie du latin à u n âge plus avancé. Le j e u n e A m p è r e connaissait déjà toute la partie élémentaire des mathématiques et l ' a p p l i - cation de l'algèbre à la g é o m é t r i e , lorsque le besoin de pousser au-delà le fit aller u n j o u r à L y o n avec son p è r e . M . l'abbé D a b u r o n (depuis inspecteur-général des études) vit e n t r e r alors dans la bibliothèque du Collège M. A m - p è r e , m e n a n t son fils de onze à douze a n s , très-petit p o u r son âge. M. A m p è r e demanda p o u r son fils les ouvrages d ' E u l e r et de Bernouilli. M . D a b u r o n fit observer qu'ils étaient en latin : sur quoi l'enfant p a r u t consterné de n e pas savoir le latin , et le père dit : « J e les expliquerai à m o n fils; » et M. D a b u r o n ajouta: « Mais c'est le calcul différentiel q u ' o n a employé, le savez-vous? » A u t r e c o n s - ternation de l'enfant ; et M. D a b u r o n lui offrit de lui d o n - n e r quelques l e ç o n s , et cela se fit. V e r s ce t e m p s , à défaut de l'emploi des infiniment p e - tits , l'enfant avait de lui-même c h e r c h é , m ' a - t - o n d i t , biographes. Son père exerçait à Poleymieux la charge de notaire ; il s'établit à Lyon , au commencement de la révolution , fut nommé juge-de-paix du canton de la Halle-au-Blé , et devint une victime de la Terreur, en décem- bre 1793.