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410 fermés et avec cet air de volupté particulier à ce joli animal, le parfum d'une Heur qui le charme. Et puis d'ailleurs les fleurs ne sont pas seulement un spectacle pour les yeux : elles sont un compagnon de voyage , un discret ami que nous admet- tons dans la familiarité, avec lequel nous établissons des rapports d'une nature douce, mystérieuse et intime. Comme nous, elles vivent, souffrent et meurent. On les aime comme l'enfant qu'on élève ou qu'on a adopté ; c'est une douce jouissance que de surveiller les. progrés du. développement de la jeune plante , de venir chaque matin constater son travail de la nuit, de lui donner de l'eau ou du soleil, suivant le besoin, de la protéger contre les vents, de la voir monter jeune , radieuse, belle, et déployer aux regards ses pétales brillantes et colorées; d'aspirer de près les parfums qui s'en exha- lent. Quelle source abondante de douces sensations, de pensers tour à tour gracieux et mélancoliques, de touchantes allusions dans le spectacle des différentes phases par lesquelles ces êtres délicats passent périodiquement, sous nos yeux, depuis le premier bourgeon qui perce l'écorce jusqu'à la feuille qui jaunit et qui tombe après s'être long-temps balancée, suspendue à son pédoncule desséché ; depuis le premier bouton qui rougit à travers sa verte enveloppe jusqu'à la corolle déjà dégarnie, dont les pétales se déta- chent et s'éparpillent sur le sol. C'est donc une bonne, une philautropique idée que vous avez eue , M. La- céne, vous, amateur aussi passionné que distingué de l'horticulture, qui» dans votre délicieuse villa d'Ecully, vous livrez avec tant de succès à la cul- ture dés fleurs, et qui nous avez envoyé de si précieux échantillons à l'ex- position du jardin botanique, qui connaissez toutes les jouissances que l'on éprouve dans le commerce de ces intéressants végétaux ; c'est une bonne et philanthropique idée que vous avez eue de vouloir propager la culture des plantes, et d'associer un plus grand nombre de personnes à vos plaisirs ; bien différent en cela de ces égoïstes pour lesquels les jouissances n'ont de prix qu'autant qu'elles ne sont point partagées par d'autres. On doit vous savoir gré d'avoir poussé dans ces voies nouvelles notre grave et savante So- ciété d'agriculture, et d'avoir été le promoteur de l'exposilion de fleurs que l'on voit actuellement au Jardin des Plantes , exposition plus riche en sujets précieux que l'on n'aurait pu s'y attendre, d'après la brièveté du temps qui avait été donné pour s'y préparer. Ce n'est pas, je l'avoue franchement, que je sois pour mon compte grand admirateur de toutes les conquêtes que fait notre horticulture sur les climats ititerlropicaux. Lorsque je vais visiter l'exposition , j'admire sans doute les formes de plusieurs de ces végétaux , esclaves enlevés à des bords lointains;