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fermés et avec cet air de volupté particulier à ce joli animal, le parfum d'une
Heur qui le charme.
   Et puis d'ailleurs les fleurs ne sont pas seulement un spectacle pour les
yeux : elles sont un compagnon de voyage , un discret ami que nous admet-
tons dans la familiarité, avec lequel nous établissons des rapports d'une
nature douce, mystérieuse et intime. Comme nous, elles vivent, souffrent et
meurent. On les aime comme l'enfant qu'on élève ou qu'on a adopté ; c'est
une douce jouissance que de surveiller les. progrés du. développement de la
jeune plante , de venir chaque matin constater son travail de la nuit, de lui
donner de l'eau ou du soleil, suivant le besoin, de la protéger contre les
vents, de la voir monter jeune , radieuse, belle, et déployer aux regards
ses pétales brillantes et colorées; d'aspirer de près les parfums qui s'en exha-
lent. Quelle source abondante de douces sensations, de pensers tour à tour
gracieux et mélancoliques, de touchantes allusions dans le spectacle des
différentes phases par lesquelles ces êtres délicats passent périodiquement,
sous nos yeux, depuis le premier bourgeon qui perce l'écorce jusqu'à la
feuille qui jaunit et qui tombe après s'être long-temps balancée, suspendue
à son pédoncule desséché ; depuis le premier bouton qui rougit à travers sa
verte enveloppe jusqu'à la corolle déjà dégarnie, dont les pétales se déta-
chent et s'éparpillent sur le sol.
   C'est donc une bonne, une philautropique idée que vous avez eue , M. La-
céne, vous, amateur aussi passionné que distingué de l'horticulture, qui»
dans votre délicieuse villa d'Ecully, vous livrez avec tant de succès à la cul-
ture dés fleurs, et qui nous avez envoyé de si précieux échantillons à l'ex-
position du jardin botanique, qui connaissez toutes les jouissances que l'on
éprouve dans le commerce de ces intéressants végétaux ; c'est une bonne et
philanthropique idée que vous avez eue de vouloir propager la culture des
plantes, et d'associer un plus grand nombre de personnes à vos plaisirs ;
bien différent en cela de ces égoïstes pour lesquels les jouissances n'ont de
prix qu'autant qu'elles ne sont point partagées par d'autres. On doit vous
savoir gré d'avoir poussé dans ces voies nouvelles notre grave et savante So-
ciété d'agriculture, et d'avoir été le promoteur de l'exposilion de fleurs
que l'on voit actuellement au Jardin des Plantes , exposition plus riche en
sujets précieux que l'on n'aurait pu s'y attendre, d'après la brièveté du temps
qui avait été donné pour s'y préparer.
    Ce n'est pas, je l'avoue franchement, que je sois pour mon compte grand
admirateur de toutes les conquêtes que fait notre horticulture sur les climats
ititerlropicaux. Lorsque je vais visiter l'exposition , j'admire sans doute les
formes de plusieurs de ces végétaux , esclaves enlevés à des bords lointains;