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47 la langue de l'Eglise. Dites lui qu'elle fait bien d'être dévote, elle qui est vieille; mais que vous êtes jeune, que plus tard lorsque vous vous serez bien amusé, il sera temps de vous convertir. Oh! alors elle est admirable en son éloquence! elle accumule, avec une précipitation difficile à suivre , tous les exemples de morts subitement, qui disaient aussi qu'ils se convertiraient,mais qui ont été surpris par la mort, à la fleur de leur âge, au milieu des plaisirs, et qui brûlent main- tenant dans l'enfer. Ibi erit fletus et stridor denlium, ajoule-l- elle d'une voix grinçante , et elle vous menace d'un sort pareil et finit par vous engagera rentrer dans le bercail et à chercher l'ananie, c'es-à -dire un confesseur. Et si vous lui répondez que la sainteté est un rude métier, que Dieu vous a créé trop faible pour être dévot, que s'il vous veut sage et pieux, il ne tient qu'à lui, il peut toucher voire cœur et le fortifier; elle s'emporte alors d'une sainte colère, elle vous développe, avec force figures, ces paroles latines qu'elle répète à tout moment : Qui te creavit sine te, non te salvabit sine te. Mais elle ne prêche pas, elle ne chante pas seulement les louanges divines, elle cherche à faire régner Dieu sur la terre et dans ce but elle réprime avec succès tous les scan- dales. Qu'elle entende dans la rue un blasphème bien éner- gique de voiturier, elle se pose dramatiquement devant le pécheur, la tête haute, les deux bras sur les hanches et lui fait une sévère réprimande. Si le coupable se fâche et lui répond par des injures, elle gémit sur lui, maisdans son ame elle est contenle, comme l'huissier des Plaideurs, car c'est là une mortification méritoire, un quasi-martyre qui lui aplanit les voies célestes. «Si un ouvrier travaille publiquement un dimanche, un jour de grande fête, elle le menace de la ven- geance de Dieu et lui raconte l'histoire de l'hébreu qui fut englouti pour avoir violé le sabbat. Un vendredi elle aper- çut un pauvre enfant de quinze ans, décrotleur par état, qui dévorait à belles dents sur sa borne une chair scandaleuse. La mère Berthet veut arrêter le crime; elle s'avance, dou-