Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                               207
nous avons fait entrevoir l'importance depuis le commence-
ment de cette notice, il se trouvait moins riche qu'à son
début, engagé dans un second mariage, père d'un assez grand
nombre d'enfants, et n'ayant plus pour toute existence que
sa place avec les faibles restes de son patrimoine ; mais s'il lui
restait peu de bien, en revanche il se trouvait avoir beau-
coup de gloire, car le Gênera , qu'il avait abandonné à lui-
même , nous l'avons dit plus haut, et qui d'abord était de-
meuré naturellement oublié , avait ensuite attiré les regards
et produit son effet; on l'avait envisagé avec un soin plus
impartial, on s'était étonné d'y trouver une mine si réelle et
si nouvelle , et bientôt la grande et féconde lumière qu'on y
découvrit commença de rejaillir sur son auteur. Cette gloire
fut bonne à M. de Jussieu, elle lui valut d'être nommé, en
4804, tout d'une voix, professeur à l'école de Médecine.
L'estime, que l'on faisait de l'auteur du Gênera était déjà de-
venue telle, que personne ne lui disputa cet honorable avan-
tage.
   Quatre ans plus tard, il reçut le titre de conseiller à vie
de l'Université impériale ; nomination aussi profitable que
flatteuse, et qui nous fournit une nouvelle preuve de l'atten-
tion avec laquelle Napoléon recherchait les gloires natio-
nales, quelques modestes que fussent leurs possesseurs,
pour leur assurer protection et récompense. Il est vrai que
M. de Jussieu avait fait une sorte de connaissance avec l'em-
 pereur ; voici comment : à l'époque où Bonaparte, premier
consul et membre de la section de mécanique, présidait l'ins-
titut, M. de Jussieu remplissait les fonctions de vice-prési-
dent. Il en était résulté de fréquents rapports entre lui et le
 grand général, car le premier consul, quoique fort assidu
 aux séances, arrivait souvent très-tard, retenu qu'il était par
 ses occupations politiques. Aloïs le simple et modeste auteur
 des familles naturelles se trouvait le remplacer d'abord,
 puis lui céder le fauteuil et siéger côte à côte avec lui un
 jour de chaque semaine. L'empereur n'oublia pas le collègue