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q u e . — Malheureusement, et surtout depuis les nouvelles
institutions municipales, le conseil de la Commune est le re-
flet brumeux des opinions et des mœurs de la classe riche.
La fortune et la vanité se disputent des fonctions, pour l e s -
quelles il faudrait un homme doué des plus rares qualités du
caractère et de l'esprit. M. Prunelle convenait, sous ce rap-
p o r t , bien mieux que le maire actuel; il avait du moins de
vastes connaissances, un zèle éclairé pour tout ce qui se rat-
tachait aux sciences et aux a r t s , une appréciation exacte de
l'esprit bourgeois , et une certaine inflexibilité, qui le rendait
inaccessible aux mesquines influences.
   Je ne crois pas quenolre maire, M. Martin, possèdeles mêmes
qualités. Son administration ne failpas grand bruit, et ne se ré-
vèle à moi que par les affiches municipales et les ordonnance?
de proscription contre les chiens errants. Si je vous disais que
 M. Martin , disposant de toutes les propriétés communales, n'a
pu mettre la moindre salle à la disposition de quelques artistes
 qui rêvaient l'établissement d'un Conservatoire de Musique.
 Tandis que Lille , Toulouse, Marseille, Montpellier , Nîmes ,
fondent à l'envi des écoles musicales, Lyon n'a pas un pan de
mur pour abriter les tentatives individuelles faites dans la même
pensée. Et pourtant il y a ici un vaste bâtiment qu'on décore
du nom de Palais des Arts ; dans un coin de ce palais sont r e -
légués le Musée et l'école de Dessin. Devinez par qui ou par
quoi est occupé le reste ? — Par un cabinet d'Histoire-Natu-
relle , et par la Bourse. — La Bourse dans le Palais des Arts !
Véritable symbole de l'amour de l'art dans notre cité ! Sous les
voûtes profondes, au-dessus desquelles dorment les œuvres
de R u b e n s , on cote la rente , on vend des cotons et des hui-
les ; la vaste salle , ancien réfectoire de couvent, bourdonne
comme une ruche d'abeilles ; à cinq heures du soir l'essaim
commercial se réunit là pour continuer sa vie de travail et de
lucre. La prière et le détachement des biens de ce monde
ont été remplacés par la soif de Cor et l'égoïsme marchand. Je
ne suis jamais entré dans celle grande salle, dont les parois