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                               III.
Bourg, avril 1856.
    Vous aviez â quinze ans un sourire enfantin,
    Vous éliez fraîche et belle et vous couriez légère
    Comme fait dans les bois la biche bocagère
    Et votre son de voix résonnait argentin.

     Alors j'aimais vous voir arrosant le matin
     Vos œillets qui bordaient la plante potagère ,
     Et donnant à manger, gentille ménagère,
     A quelques pigeons blancs aux gorges de satin.

     Mais qu'est-il arrivé dans votre jeune vie?
     Encore aux mêmes soins êtes-vous asservie?
     Vos colombes, vos fleurs, les aimez-vous toujours?

     On ne vous voit jamais au milieu d'une fête ;
     Mais souvent vers l'autel vous inclinez la tête ;
     0 mon Dieu, quel nuage a passé sur vos jours?
                                                  Philibert LEDUC.


                     DANS UNE SOIRÉE.
                               Elégie.
                        Ah ! que le cœur me serre au milieu de la fête !
                                 Edgar QuiNET. — NAPOLÉON.
      Ils demandent pourquoi je suis triste et je pleure ,
      Pourquoi, sans m'entraîner, chaque plaisir m'effleure ;
      Peut-être ils me diraient, s'ils osaient l'ajouter,
      Pourquoi d'un front chagrin je les viens attrister !
      Et pourtant, quand je vais au milieu de la fêle,
      Pour chercher un instant d'une joie imparfaite ,
      Pour me distraire un peu de mes ennuis du jour,
      Hélas ! puis-je empêcher qu'un souvenir d'amour
       Ne revienne en mon cœur, et que ma rêverie
       Ne me fasse laisser et danse et causerie ?
       S'ils savaient que bien loin , et par de-là les monls,
       Vit une jeune fille , et que nous nous aimons,
       Que ses traits adorés sont gravés dans mon ame ;
       S'ils savaient nos aveux et nos regards de flamme ,
       Et tant de jours heureux, et nos tristes adieux,