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402 lieu à ces loteries , et ce qui en a , tout à coup, rétabli ou rendu si commun l'usage. Les dernières guerres de Savoie et de Piémont, et la disette des vivres eausée en partie par ces guerres, aussi bien que la stérilité de quelques années, avaient tellement épuisé les greniers, où nos magistrats ont soin d'a- voir des bleds de réserve pour pourvoir aux nécessités de cette ville peuplée d'un grand nombre d'habitants et d'étrangers que le commerce y attire; que les Directeurs de l'Hôpital et de l'Aumône Générale se trouvaient hors d'état d'entretenir les pauvres et les malades qui augmentaient tous les jours, tant par la cessation du commerce que par la cherté des denrées les plus néces- saires à la vie. C'est ce qui réduisit à la mendicité la plupart des artisans, et surtout les ouvriers en soie, qui sont ordinairement plus de quarante mille occupés, quand les temps sont favorables, à fournir tout le royaume d'étoffes et d'autres ouvragess qui se distribuent dans les provinces par le moyen de quatre grandes foires accordées par nos rois avec beaucoup de privilèges en faveur de ce commerce. Les Directeurs des Hôpitaux, par un zèle infatigable qui ne s'est jamais rallenti, faisaient de grandes avances de leurs deniers pour faire subsister les hospices. Mais ces avances, quelques considérables qu'elles fussent, ne pouvaient suffire à l'entretien ordinaire des pauvres enfermés , ni à la distri- bution de pain qui se fait, tous les dimanches, en divers quartiers de la ville, pour le soulagement du peuple et des artisans, à qui leur travail ne peut fournir tout le nécessaire pour l'entretien de leurs familles quand elles sont un peu nombreuses. A quoi il faut ajouter les aumônes secrètes des pauvres honteux , dont le nombre par la misère du temps commençait à égaler ceux qui sont en possession d'en recevoir de publiques. En ces conjonctures si difficiles, les Directeurs firent tous leurs efforts pour pourvoir à la subsistance des pauvres , sâiis en pouvoir trouver les moyens. On s'était emparé de leurs blés de réserve pour les armées du roi : on ne pou- vait en tirer du Dauphiné, qui était le théâtre de la guerre ; la Bourgogne n'en avait pas non plus que là Bresse, et quelques autres provinces voi- sines, ressources ordinaires de cette ville : il n'était pas permis d'en tirer de la Provence ni du Languedoc, qui devaient fournir les armées de mer, les troupes de Roussilloh et des côtés de Nice. Il fallut avoir recours aux côtes d'Afrique, dont l'éloignemént rendait si chers les transports dés grains, que les fonds des hôpitaux et les avances des directeurs n'y pouvaient fournir, sans épuiser ces fonds en peu d'années, comme il arriva en effet. La paix que le roi a donnée à Ses peuples en sacrifiant à leur repos tous les avantages qu'il pouvait tirer d'une guerre si glorieuse au succès de ses