page suivante »
399 Il avait perfectionné son procédé pour le blanchiment des toiles, et comme c'était depuis long-temps l'objet constant de ses recherches et de ses pensées, il quitta l'Ecole polytechnique pour recommencer à Saint-Vallier ses expériences pratiques, Forcé encore une fois d'y renoncer, il devint, en 1802, professeur de chimie au collège de Tournon, alors transformé en école centrale du dépar- tement de l'Ardèche. De l'école centrale de I'Ardèche, il fut appelé, en 1805, par le ministre de l'Intérieur Chaptal, à la chaire de chimie appliquée à la teinture que venait de fonder la ville de Lyon, et dans ce professorat qu'il exerça avec une rare distinction , il rendit d'importants services à l'in- dustrie lyonnaise. Napoléon voulut, en 1810 , faire concourir les lumières de la chimie au succès de son système continental. Il consacra un prix de 50,000 francs à la découverte d'un procédé pour teindre en bleu la soie et la laine sans au- cun emploi d'indigo. Le problème était difficile ; dans tout autre temps, il eût même paru insoluble, M. Raymond se mit à l'œuvre , e t , après trois ans d'expériences sans cesse répétées , il parvint à donner à la soie avec le bleu de prusse (prussiate de fer) une couleur égale et brillante, beaucoup plus belle et plus solide que celle qu'avait jusque-là donnée l'indigo. Cette découverte fut pour l'industrie lyonnaise un immense progrès; aussi la reconnaissance publique décerna-t-elle à cette nouvelle couleur le nom de bleu-Raymond. L'empereur fit remettre à l'inventeur une somme de 8,000 francs à valoir sur l'encouragement promis, et sans les événements politiques qui le préci- pitèrent du trône, il eut sans doute complété cet acte de munificence , car, quoique le problème ne fût pas entièrement résolu , il était fort avancé. Les expériences de M. Raymond ont été continuées par le3 chimistes les plus distingués de l'époque, et surtout par son fils et son gendre , et le but que se proposait l'empereur est aujourd'hui atteint, au point que l'usage de l'indigo a presque entièrement disparu de nos grands ateliers de teinture. En même temps qu'il professait à Lyon, M. Raymond créait à Saint-Vallier, en 1815, une manufacture de produits chimiques. En 1818, il quitta sa chaire pour venir diriger lui-même cet. établissement, e t , secondé par son fils et son gendre, il y introduisit de nombreux perfectionnements. Cet établissement lui a survécu , et c'est aujourd'hui encore l'un des plus impor- tants et des plus habilement dirigés qui existent en ce genre (1). ( i ) M. Raymond fils rend également chaque jour d'importants services à l'art de la teinture. Non-seulement il cet parvenu à teindre la laine en bleu sans emploi d'indigo , en perfection-