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  de vous, je lui ai dit que vous aviez le plan d'une espèce de cours, qui
  serait bien fait pour réussir : ce serait d'embrasser toutes les sciences
  et d'en enseigner ce qui serait suffisant pour ne pas y être étrangers, d'en
 saisir les faits généraux, d'en faire apercevoir les points de contact, et de
 donner ce qu'on pourrait appeler la philosophie ou la génération de toutes
 les connaissances humaines (toujours Vuniversalitéj on le voit!). Je m'expliqua
 sans doute mal, mais vous savez ce que je veux dire... 11 est sur qu'outre
 ce cours du Salon des arts, vous pourriez avoir, comme autrefois, des
 cours particuliers , ou travailler à quelque ouvrage. Vous seriez ici
 avec nos amis , vous éviteriez les abîmes de la solitude , vous vous retrou-
 veriez peut-être. Si une fois vous pouviez compter sur une existence agréa-
 ble et honorable , vous pourriez vous associer une femme de votre choix , et
 qui parviendrait peut-être à combler le vide qu'a laissé dans votre cœur la
 perte de vos anciennes affections. Je sais, mon pauvre et cher ami, tout ce
 que vous pouvez me répondre ; je sais qu'un second mariage dans cette ville
 vous répugnerait ; mais, de bonne foi, cette répugnauce n'est-elle pas un
 enfantillage ? Eh ! mon Dieu! dans le monde, où tous les sentimens s'affai-
 blissent, où toutes les douleurs morales finissent, on trouvera très naturel
votre second mariage; on croira qu'il est le fruit de l'inconstance de nos
affections et de l'instabilité de nos sentimens , même les plus vifs et les plus
profonds. Mais ceux qui connaissent mieux le cœur humain , ceux qui auront
étudié un peu le vôtre, ceux enfin dont l'opinion et l'amitié peuvent être
quelque chose pour vous , sauront bien que votre ame expansive a besoin
d'une ame qui réponde à chaque instant à la vôtre. Ainsi, dans tous les cas,
vous serez justifié: les indifférents, comme vos connaissances et vos amis,
trouveront cela très naturel. Voyez, mon cher ami, à quoi vous êtes ex-
posé. La solitude ne vous vaut rien , non plus qu'à moi. Revenez au milieu
de vos amis, et mariez-vous dans votre patrie...

   «         Au risque de vous fâcher , je dois vous dire ici la vérité. Vous ne-
savez pas encore ce que c'est que de résistera vos penchants, et c'est ainsi
que vous vous exposez à les faire devenir de véritables passions. Croyez -
vous donc que tout aille daus le monde au gré de chacun ? Comptez-vous
donc pour rien cette grande vassalité qui nous soumet et nous entraîne à
chaque instant? Étudiez votre cœur, descendez dans votre ame, et lors-
que vous apercevez un sentiment nouveau, cherchez à savoir s'il est rai-
sonnable. N'attendez pas pour éteindre un feu de cheminée que ce soit
devenu un grand incendie. Il y a des malheurs sans remède , il faut nous con-
soler. II y a des malheurs que notre faute a occasionnés ou empires, il faut
nous corriger. Les petites choses vous agitent, que doit-ce être des grandes?..