Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                     349
de mon invention , que je n'avais point pu résoudre directement, mais dont
j'avais trouvé par hasard une solution dont je connaissais !a justess > sans pou-
voir la démontrer. Cela me revenait souvent dans l'esprit, et j'ai cherché
vingt fois à trouver directement cette solution. Depuis quelques jours cette
 idée me suivait partout. Enfin, je ne sais comment, je viens de la trouver
avec une foule de considérations curieuses et nouvelles sur la théorie des
probabilités. Comme je crois qu'il y a peu de mathématiciens en France qui
puissent résoudre ce problème en moins de temps, je ne doute pas que sa
publication dans une brochure d'une vingtaine de pages ne me fût un bon
moyen de parvenir à une chaire de mathématiques dans un lycée. Ce petit
ouvrage d'algèbre pure , et où l'on n'a besoin d'aucune figure, sera rédigé
après-demain; je le relirai et le corrigerai jusqu'à la semaine prochaine,
que je te l'enverrai... »

   Et plus loin :
   « J'ai travaillé fortement hier à mon petit ouvrage. Ce problème est peu
de chose en lui-même , mais la manière dont je l'ai résolu et les difficultés
qu'il présentait lui donnent du prix. Rien n'est plus propre d'ailleurs à faire
juger de ce que je puis faire eu ce genre... »

   Et encore :
   « J'ai fait hier une importante découverte sur la théorie du jeu en parve-
nant à résoudre un nouveau problème plus difficile encore que le précédent,
et que je travaille à insérer dans le même ouvrage , ce qui ne le grossira
pas beaucoup, parce que j'ai fait un nouveau commencement p!us court que
l'ancien... Je suis sur qu'il me vaudra, pourvu qu'il soit imprimé à temps,
une place de lycée ; car dans l'état où il est à présent, il n'y a guère de ma-
thématiciens en France capables d'en faire un pareil : je te dis cela comme
je le pense , pour que tu ne le dises à personne. »

   Le mémoire, qui fut intitulé : Essai sur la théorie ma-
thématique du jeu, et qui devait être terminé en une
huitaine, subit, selon l'habitude de cette pensée ardente
et inquiète, un grand nombre de refontes, de remanie-
ments, et la correspondance est remplie d'annonces de
l'envoi toujours retardé. Rien ne nous a mis plus à même
déjuger combien ce qui dominait chez M. Ampère, dès