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  L'auteur de ces préceptes ,Mad rae ...., j'allais la nommer, a
bien mérité de nos mères et de la jeune génération pour la-
quelle elle a laissé aller son cœur et sa plume. Faire un livre
utile par le temps où nous sommes est chose assez rare pour
qu'on le signale à l'attention de tous.
                                                            LÉON BOITEL.



EMANY , SOUVENIRS DE LA. RESTAURATION , par Antony RÉNAL ; Paris, chez Hyp-
  polite Souverain , éditeur , 1837 , in-8°.
   Il y a du bien et du mal à dire d'Emany, dernière production du plus fer-
tile de nos écrivains lyonnais. Ceux qui ont loué ce livre , sans restriction , ont
fait office de maladroits amis ; et nous savons trop de sens à l'auteur pour ne
pas leur en garder rancune. Quant à ceux dont la critique a pu ou voulu être
impitoyable , nous croyons, en vérité , qu'ils agissaient ainsi par suite du pré-
jugé qui enveloppe dans une condamnation sans merci ni raison , toute œuvre
littéraire lyonnaise.
   Ce que nous reprocherons d'abord a l'auteur d'Emany, c'est le décousu de
son livre : on dirait un volume écrit page à page pour l'imprimeur, sans qu'il
ait été permis à l'écrivain de revoir son manuscrit, pour coordonner et souder
entre eux les éléments de son œuvre. C'est là , selon nous, un défaut capital.
Le lecteur se fatigue à suivre les personnages à travers mille aventures sans
enchaînement logique et , ce qui est pire , s'accumulant toujours sans utilité
bien palpable soit pour l'intérêt du drame , soit pour le but de l'ouvrage. Il
est juste de dire , toutefois , que l'auteur remplit à peu près son programme ;
il arrive enfin au but qu'il se propose , mais il y arrive comme un homme
qui, s'embarquant pour un pays éloigné , s'endormirait au départ pour rêver
à son aise et ne se réveiller qu'au terme du voyage. Notre intention n'est pas
de faire une critique de détail ; mais nous ne saurions passer outre sans de-
mander compte à M. Rénal des motifs qui ont pu le porter à nous offrir, en
hors-d'Å“uvre, la peinture de la jalousie la plus ridicule qui se puisse imaginer,
celle d'une très-jeune femme pour son vieil époux. Si le fait est possible , il
est, du moins, de ceux qu'un romancier ne doit mettre en lumière que dans
les cas d'absolue nécessité, et rien n'obligeait l'auteur d'Emany à user d'un
pareil moyen ; c'est une tache dans son livre ; nous en dirons autantde cer-
tains passages où la pensée , ordinairement si chaste de M. Rénal, se démo-
ralise jusqu'à n'oser se compléter que par une accumulation de points signi-
ficatifs. Quant au chapitre des invraisemblances, il y aurait mauvaise grâce »