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punir le crime, quelle que soit sa liyrée; mais rayons du.
livre des prisons la décourageante maxime que nous a
laissée Voltaire (1); et inscrivons-y bien plutôt cette
consolante vérité de l'Evangile, qu'il n'est pas de faute
que ne puisse laver et faire disparaître un repentir
sincère et un véritable retour au bien.
   Un homme qui a passé sa vie avec les prisonniers,
M.Marquet-Vasselotj, directeur d'une maison centrale,
ne les considérait pas comme des ennemis, car il
écrivait: « Pour vivre en sûreté an milieu des prison-
niers, il vaut mieux les aimer que les craindre. »
   Ce serait aussi le meilleur moyen de les ramener
au bien; mais, hélas! loin d'atteindre le but de régé-
nération que la société devrait se proposer, nos pri-
sons semblent avoir été instituées pour achever de
corrompre les malheureux qui voient leurs portes se
fermer sur eux.
   Celte corruption est due plus spécialement au sys-
stème d'avilissement et d'humiliation suivi presque
partout avec les prisonniers, et surtout à l'agglomé-
ration des criminels.
   Et pourquoi les avilir, ces infortunés? Ont-ils donc
cessé d'être hommes, ou sommes-nous devenus des
dieux? Car comment reconnaître nos semblables dans,
ces malheureux dévorant, comme des animaux im-
mondes, un morceau de pain, sur une litière infecte!
11 nous a donc paru indispensable que chaque détenu
eût un lit et mangeât sur une table, qu'il fût couvert

  (1)   L'honneur est comme une île escarpée et sans bords,
        On n'y peut plus rentrer dès qu'on en est dehors.